Sanrever

Sarah Mackenzie

9ème partie

Lundi 4 janvier 2010

8H00

QG du JAG, Washington DC

Le travail ne commençait qu’à huit heure trente, mais déjà quelques militaires se trouvaient sur le plateau du JAG lorsque le Commandant Turner fit son entrée. Il avait déjà trouvé les lieux changés lorsqu’il était entré dans le bâtiment, mais à l’instant présent il se demandait s’il se trouvait bien au bon endroit. Il ne reconnaissait rien. Le plateau du JAG lui semblait soudain beaucoup plus grand et plus lumineux. Il en était à cette réflexion lorsqu’il entendit derrière lui une voix familière.

_ Bonne année Commandant ! Vous avez passé de bonnes fêtes ?

_ Bud ! Bonne année à vous aussi. Oui très bonnes, on a passé les fêtes dans la famille de Varèse. Mais dites-moi, que s’est-il passé ici ?

_ A première vue, ils ont bien effectué des travaux. Je dois dire que j’aime beaucoup. Et d’après ce que j’ai vu nous avons également un nouveau parc informatique.

_ Depuis le temps qu’on le réclamait, bon je vais essayer de trouver mon bureau.

_ Oh ça ne sera pas difficile, il y a des plaques avec les noms sur chacun d’eux.

_ C’est vrai ? Et où se trouve le votre alors ?

_ Vous allez rire, je n’en ai pas la moindre idée. Par contre le votre est le troisième là-bas, juste à côté de celui du Commandant Rabb.

_ Harm ne prend donc pas le Commandement du JAG et moi non plus.

_ En effet, mais ça je le savais déjà, l’Amiral Chegwidden nous l’a dit à Noël.

_ Et il vous a dit qui était le nouveau CO ?

_ Non mais je suppose que son bureau est celui du fond. D’ailleurs la structure est curieuse. Il y a un grand bureau à droite puis au centre deux bureaux dans une même pièce, sûrement  celui de Coates et de quelqu’un d’autre, et sur la gauche il y a un troisième bureau presque aussi grand.

_ Hum en effet curieux. Peut-être celui du chef d’état major !

_ Ah pas bête. Du coup ceux qui ont trouvé leur nom se sont installés, mais n’osent pas trop toucher à quoi que ce soit. Et moi ben j’ai préparé le café ne sachant pas où m’installer.

_ Bonjour Bud ! Bonne année !

_ Mac ! Euh Madame ! (se mettant au garde-à-vous)

_ Repos Bud.

_ Général, vous revenez donc travailler au JAG.

_ Eh oui Bud. Vous êtes sûrement le Commandant Turner ?

_ Oui bonjour Général… ?

_ Mackenzie, Sarah Mackenzie.

_ Mackenzie ? Mais vous…

_ Je suis morte, ben pas vraiment en fait. Bon je vous laisse je vais m’installer dans mon bureau.

_ Vous savez lequel s’est ?

_ Bien sûr Bud, c’est moi qui ai fait faire les travaux.

_ Mais alors ça veut dire que…

_ Je suis votre nouveau CO. Hum huit heure vingt, je ferais une annonce dans dix minutes.

Elle partie en laissant les deux officiers stupéfaits.

_ Bud… Bud…!

_ Euh oui Harriet.

_ C’était Mac?

_ Oui, elle… c’est notre nouveau CO.

_ C’est vrai ? Ah ben on commence cette nouvelle année avec une bonne nouvelle. J’ai déposé les jumeaux à la crèche, c’est vraiment pratique de l’avoir sur place.

_ Une crèche ?

_ Oui, durant les travaux ils ont fait installer une crèche et une salle de sport au rez-de-chaussée du bâtiment.

_ Et ben je crois que nous entrons dans une nouvelle ère.

_ Bonjour tout le monde et bonne année.

_ Bonjour Loren et meilleurs vœux à vous aussi.

_ Les nouveaux bureaux sont fantastiques vous ne trouvez pas ?

_ A dire vrai, je n’ai pas encore eu le temps d’arriver jusqu’au mien.

_ Et ce ne sera pas tout de suite, Mac va s’adresser au staff.

Le silence se fit sur le plateau lorsque le Général Mackenzie s’arrêta au centre de ce dernier.

_ Tout d’abord bonjour à tous et je vous présente mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année. Je me présente je suis le Général Sarah Mackenzie. Certains me connaissent déjà, mais je vais vous faire un bref résumé de ma carrière. Je me suis engagée dans les Marines à l’âge de dix-neuf ans, puis quelques années plus tard j’ai fait mon droit et suis arrivée comme avocate ici même en quatre-vingt quatorze. En quatre-vingt dix-neuf je suis partie en mission en Afghanistan pour le compte de la C.I.A… J’ai été faite prisonnière par les Talibans et y suis restée pendant dix ans. Il y a environ deux mois je me suis échappée et ai été rapatriée aux Etats-Unis. On m’a alors proposé de diriger le QG de Washington et aujourd’hui me voici parmi vous.

Comme vous avez pu le constater des travaux ont été réalisés pendant les fêtes. En effet lorsque l’on m’a proposé ce poste j’y ai mis mes conditions. Je voulais être proche de mon équipe, des bureaux lumineux et une structure établie. De plus j’ai fait ouvrir une crèche et une salle de sport dans le bâtiment, chacun ici peut en disposer à sa guise.

Vous avez sûrement déjà remarqué que vos noms figurent sur ces nouveaux bureaux, j’ai réorganisé le plateau de telle sorte que chaque avocat a un assistant qui lui est rattaché, j’espère ainsi renforcer l’efficacité et la cohésion du JAG. De plus j’ai fait une dernière modification, mon bureau est donc celui de droite au fond de la pièce. Au milieu se trouve celui du Second Maître Coates et celui du Capitaine Sims, notre attaché en relation publique. Enfin le bureau de gauche est celui de mon chef d’état major.

Voilà, je pense avoir terminé, d’ici la fin de la semaine je vous recevrez tous en entretien individuel pour apprendre à vous connaître. Le Second Maître Coates affichera le planning sur le tableau qui se trouve derrière moi. Si vous avez des questions c’est le moment.

_ Général ! Je tiens à vous souhaiter la bienvenue au JAG au nom de tous.

_ Merci beaucoup Commandant Turner. Oui Bud, vous avez une question ?

_ En effet Madame. Je n’ai pas réussi à trouver mon bureau.

_ C’est tout à fait normal car je n’ai reçu votre plaque que ce matin. D’ailleurs veuillez approcher.

_ A vos ordres Madame.

_ Capitaine Roberts, Garde-à-vous ! ……..

_ Capitaine de frégate Roberts répétez après moi. Je jure Solennellement

_ Je jure solennellement de soutenir et de défendre la constitution des Etats-Unis d’Amérique contre tout ennemi  intérieur et extérieur…

_ Repos.

_ Je n’arrive pas à y croire ! Comment cela est-il possible ?

_ Tout simplement parce que j’en ai fait la demande pour pouvoir vous nommer Chef d’Etat Major.

_ P…P…Pardon ? Je suis quoi ?

_ Vous êtes mon Chef d’Etat Major. D’ailleurs si vous avez un moment, j’aimerais commencer mes entretiens par vous.

_ Euh Bien sûr Madame.

Bud suivit Mac dans son bureau et chacun sur le plateau retourna à ses occupations.

_ Bud asseyez-vous. Alors comment va la famille ?

_ Très bien Madame, les enfants ont repris l’école ce matin et Harriet a déposé les jumeaux à la crèche.

_ Allan et Ely faisait leur première rentrée aujourd’hui, je crois que je suis plus nerveuse qu’eux. Mais Bud s’il vous plait arrêtez le Madame, désormais vous êtes mon bras droit alors appelez-moi Mac ou Sarah.

_ Bien M…Mac ! En parlant de ça, je ne comprends pas ?

_ Qu’est-ce que vous ne comprenez pas ?

_ Pourquoi moi ? Je ne suis pas le plus gradé ici, votre chef d’état major aurait dû être le Commandant Rabb ou le Commandant Turner.

_ C’est exact. Mais aucune règle n’oblige de choisir le plus gradé pour occuper ce poste, je l’ai moi-même occupé et je n’étais pas la plus gradée. Mais je vais vous dire pourquoi mon choix c’est porté sur vous.

_ Très bien.

_ Comme vous l’avez remarqué, nous avons de nouveaux locaux mais aussi du matériel informatique tout neuf. Et croyez-moi lorsque je vous dis qu’en matière de technologie je n’y connais rien, j’ai dix ans de retard dans ce domaine. Hors il s’avère que parmi tout le personnel vous êtes le plus calé en informatique, donc d’une aide des plus précieuse pour moi. De plus vous affecter à ce poste me permettait d’avoir une raison valable de vous faire monter en grade car je ne trouve pas ça juste que votre carrière soit bloquée à cause de votre handicap. Et enfin la raison la plus importante c’est que je vous fais entièrement confiance, je connais votre façon de travailler, ce qui n‘est pas le cas des deux autres. Je ne connais pas du tout le Commandant Turner mais j’ai pu lire dans son dossier que lorsqu’il a eu le Commandement du JAG ça ne s’est pas très bien passé. Quand à Rabb il a la tête à moitié dans les nuages et n’est pas des plus apprécié au sein du staff. Voilà est-ce que ma décision vous parait plus claire ?

_ Oui et merci de m’accorder ainsi votre confiance.

_ De rien surtout que je risque de solliciter pas mal votre aide dans un premier temps, j’ai passé un mois à lire les livres de droit pour me mettre à jour mais je ne peux pas rattraper dix ans aussi vite.

_ Pas de souci Mac, je suis à votre disposition.

_ Très bien. Bon si on faisait entrer Harriet et Jen dans le bureau, je voudrais qu’on se fasse une table ronde tous les quatre.

_ Bonne idée.

Mac appuya sur l’interphone.

_ Second Maître !

_ Oui Madame.

_ Pouvez-vous venir dans mon bureau accompagnée de Capitaine Sims.

_ A vos ordres Madame.

Mac fit signe aux deux femmes d’entrer directement sans frapper.

_ Prenez un siège, nous allons en avoir pour un moment.

Mac expliqua en détail quelle méthode de travail elle voulait appliquer et ce qu’elle attendait de chacun. Elle remit à Jen le planning des entretiens du personnel. Elle finirait la matinée avec Harriet et Jen puis le reste du personnel serait convoqué tout au long de la semaine du moins gradé au plus gradé. En dernier lieu elle demanda à Jennifer de lui apporter les dossiers des personnes passant cet après-midi, puis elle laissa Bud partir prendre ses marques dans son nouveau bureau.

Elle était désormais seule avec Harriet. Les deux femmes s’observaient, attendant que l’une d’elle prenne la parole.

_ Ne me regardez pas comme ça ! Je sais Harriet j’aurais pu vous le dire à Noël.

_ Je n’ai rien dit.

_ Je sais, c’est juste que je suis un peu nerveuse.

_ C’est normal, à votre place je paniquerais moi.

_ On va dire que j’intériorise, ça me fait beaucoup de changements en peu de temps, parfois j’ai peur de ne pas y arriver.

_ Madame, je vous connais assez pour savoir que quand vous voulez quelque chose, vous allez jusqu’au bout.

_ Harriet pas de Madame s’il vous plait, je sais qu’il y a le protocole, mais je vais avoir besoin de quelques personnes sur qui m’appuyer et vous et Bud en faites partie.

_ Je comprends, je suis flattée d’avoir votre confiance M…Mac.

_ Vous me faites rire, Bud a fait la même dérivation.

_ Je ne vous promets pas qu’au début il n’y ait pas quelques « Madame».

_Oh ça je me doute. Maintenant je vais vous expliquer ce que j’attends de vous. Déjà en étant réserviste, vous êtes là combien de jours par an ? Que je puisse exactement évaluer mon quota de personnel.

_ Ça tombe bien que vous parliez de cela. Je me demandais justement si je ne pouvais pas reprendre le service actif, les plus grands sont maintenant à l’école, avec la crèche sur place je peux surveiller les jumeaux et je dois dire que mon travail me manque.

_ Moi je n’ai rien contre, même au contraire, je connais votre efficacité au travail et d’après le dossier que j’ai sous les yeux ça n’a pas changé depuis mon départ. Ecoutez, je ne vous promets rien mais je vais envoyer une demande au Secrétaire d’Etat.

_ Merci, sinon pour répondre à votre question, je suis réserviste quinze semaines par an.

_ En effet c’est peu.

_ Vous ne m’avez toujours pas dit ce que vous attendez de moi.

_ Oui c’est vrai, alors vous êtes chargé des relations publiques, donc vous savez déjà à peu près en quoi cela consiste. Vous êtes le lien entre nous et l’extérieur. Vous êtes également chargé de l’organisation des diverses manifestations. Et enfin vous serez mes yeux et mes oreilles. Je veux dire par là que je ne peux pas tout voir ou tout savoir. De plus en tant que chef je ne suis pas la première personne à qui l’on va se confier. Bref je veux savoir s’il y a des tensions dans le staff, savoir s’il y a des idées intéressantes pour améliorer le travail et l’ambiance. Ça vous parait explicite ou pas ?

_ Oui oui, très explicite, mais en effet c’est du boulot à plein temps.

_ Oui et c’est pour cela que je vais appuyer votre demande, ça m’évitera de mettre deux personnes à ce poste. Sinon votre nouveau bureau vous convient ?

_ Oui, je suis gâtée, on est vraiment bien installée avec Jennifer, c’est vous qui avez conçu les plans des nouveaux bureaux ?

_ Non Harriet, j’ai juste expliqué à un architecte ce que je voulais. Il m’a proposé plusieurs ébauches et celle-ci m’a plu. J’avoue que lorsque je suis venue poser les plaques hier, j’étais vraiment ravie du résultat. Ils ont vraiment fait un travail formidable en un laps de temps très court, je n’en reviens toujours pas.

Bon je vais aller me chercher un thé avant de recevoir Jennifer. Je n’ai pas encore lu son dossier mais ça m’a l’air d’être un bon élément.

_ Elle fait de l’excellent travail, et ne compte jamais les heures. Je dirais que c’est quelqu’un de dévoué et fiable.

_ Ok, merci Harriet, je vous libère enfin.

_ J’ai été ravie de discuter un peu avec vous, je trouve ça bien ces entretiens que vous faites passer.

_ Merci.

_ Euh M…Mac, vous déjeunez avec Jennifer et moi ?

_ Euh oui avec plaisir, je passerais juste voir si tout se passe bien pour Aminata à la crèche.

_ Pas de problème.

Mac se dirigea vers l’espace de repos, elle se servit un thé, puis se posa un moment. Sa tasse à la main, elle observa le plateau du JAG. Elle réalisa enfin combien tout ça lui avait manqué et sut qu’elle avait fait le bon choix en acceptant le poste. Certes elle allait avoir du travail pour rattraper ses années d’absence mais avec l’équipe qu’elle avait constituée, la tache serait un peu moins rude, mais il restait encore à affronter Harm. Il ne revenait que demain mais elle pouvait déjà sentir sa présence, un frisson parcouru tout son corps et la ramena à la réalité. Elle regarda encore le plateau puis regagna son bureau où l’attendait déjà le Second Maître Coates qui se mit immédiatement au garde-à-vous à son entrée.

_ Repos Second Maître, asseyez-vous.

_ A vos ordres Madame.

Mac fit le tour de son bureau et prit place dans son fauteuil.

_ Alors je vais être franche, je n’ai pas encore lu votre dossier et je vais le parcourir avec vous si ça ne vous dérange pas.

_ Euh non Madame, pas de souci.

_ Second Maître Coates Jennifer, alors que m’apprend votre dossier. Hum on dirait que vous avez eu quelques soucis au début de votre carrière….

_ Oui Madame, je fréquentais des personnes peu recommandables et j’étais une voleuse. Je ne renie pas mon passé, mais aujourd’hui tout ceci est derrière moi. J’aime mon travail et c’est un peu comme si le JAG était ma famille.

_ Je lis que vous avez intégré le JAG sous les recommandations de plusieurs personnes, notamment le Commandant Rabb et l’Amiral Chegwidden.

_ C’est exact, ils m’ont soutenu et ont eu confiance en moi, c’est vraiment grâce à eux tous que je suis là aujourd’hui.

_ Vous étiez donc la secrétaire de l’Amiral Chegwidden et ensuite du Général Creswell, vous avez remplacé Tiner c’est ça ?

_ Oui tout à fait, il a passé les examens pour intégrer les corps des officiers et alors l’Amiral Chegwidden m’a proposé ce poste.

_ Très bien, je lis aussi dans votre dossier que vous avez un franc parlé qui frise parfois l’insubordination.

_ Euh c'est-à-dire que je n’ai pas ma langue dans ma poche et que j’ai une furieuse tendance à me mêler de choses qui ne le regarde pas. Je me considère comme quelqu’un de loyal et qui ne supporte pas l’injustice.

_ Je vois, c’est ce qu’on écrit mes prédécesseurs, mais ils ont aussi mis que cette tendance à vous mêler de tout était souvent des plus efficace et que vous étiez de bons conseils.

_ C’est vrai ? Ils ont marqué ça ?

_ Oui, vous avez l’air surprise. A priori ils avaient tous deux une très bonne impression de vous. Alors je crois que je n’ai qu’une chose à vous dire.

_ Oui Madame !

_ Continuez comme cela Second Maître. Bon je crois que nous avons fini, vous pouvez disposer.

_ A vos ordres.

Jennifer s’était levée et mise au garde-à-vous, elle fit un demi-tour et quitta le bureau.

Il restait une heure à Mac avant de déjeuner, elle décida de jeter un œil aux dossiers du personnel qu’elle verrait cet après midi. Ces entretiens ne devaient pas être trop longs. Le vrai travail allait commencer mercredi lorsqu’elle recevrait les premiers avocats, ils étaient dix. Elle allait les recevoir au nombre de deux par demi journée.

Elle alla déjeuner avec Harriet et Jen, elles discutèrent de leu nouvel an respectifs et regagnèrent leurs bureaux quarante cinq minutes plus tard.

Les entretiens de l’après-midi se déroulaient pour le mieux. Elle recevait son dernier rendez-vous de la journée, le Sergent Brooke Miriam. Elle se trouvait au garde-à-vous dans le bureau de Mac.

_ Repos Sergent. Veuillez-vous asseoir. Excusez-moi de vous demander ça, mais vous avez une tête à faire peur, vous allez bien ?

_ Permission de parler librement Madame ?

_ Oui Sergent, je vous écoute.

_ Je ne peux pas rester à ce poste, c’est un stress trop grand.

_ Un stress mais… attendez je prends votre dossier… alors je vous ai assigné assistante du Commandant Rabb. Il y a un souci avec ça ?

_ Oui Madame, je… il me fait peur.

_ Mais il n’est pas là aujourd’hui !

_ C’est vrai mais rien que l’idée qu’il rentre demain me stresse.

_  Ecoutez, j’ai déjà travaillé avec le Commandant dans le passé et c’est un très bon avocat qui prend à cœur son travail et qui respecte ses collaborateurs.

_ Madame sans vous vexer, ça fait combien de temps que vous n’avez pas travaillé avec lui ?

_ Je ne suis pas vexée, cela fait dix ans.

_ Eh bien il y a dix ans il était peut-être comme vous dites, mais aujourd’hui nous devons supporter ses humeurs et il est souvent de mauvaise humeur.

_ Hum, vous êtes la première à m’en parler, mais j’ai cru sentir en effet que les autres évitaient le sujet Rabb. Pour le moment je vais vous laisser à ce poste, mais en cas de souci avec le Commandant Rabb, venez immédiatement m’en parler. Je dois le recevoir en entretien vendredi et je pourrais me faire ma propre opinion. Le seul conseil que je peux vous donner pour le moment c’est de faire votre travail du mieux que vous pouvez, de mettre en ordre les dossiers du Commandant pour son retour demain et lui montrer que vous êtes efficace et qu’il a besoin de vous. Vous êtes son assistante alors prouvez-lui que vous en voulez et que vous êtes à la hauteur de la tâche. Si je vous ai assigné au Commandant Rabb c’est parce que c’est un excellent avocat et que d’après vos états de service, vous êtes une excellente assistante. Maintenant il a un peu perdu la foi, à vous de l’aider à retrouver le chemin et n’hésitez pas à lui dire s’il dépasse les limites.

_ Mais Madame, je ne suis que Sergent !

_ Oui je sais, mais d’après votre dossier vous avez du caractère et c’est ce dont a besoin le Commandant Rabb, quelqu’un qui ne s’écrase pas devant lui et qui se permet de dépasser un peu les limites.

_ Vous…vous êtes sûre ?

_ Vous avez ma bénédiction Sergent.

_ Bien Madame, je vais faire comme vous dites.

_ Très bien alors surtout, je ne veux plus voir cette tête défaitiste, c’est bien plus agréable un sourire. Vous pouvez disposer Sergent et bonne soirée.

_ A vos ordres Madame.

Le sergent Brooke ressortit du bureau de Mac la confiance en elle retrouvée. Mac espérait seulement qu’elle n’avait pas fait un mauvais choix en prenant cette décision. Elle regarda sa montre, dix-huit heure, il était temps de rentrer à la maison. Elle passa prendre Aminata à la crèche et monta dans sa voiture direction la maison où l’attendait AJ et ses enfants.

18H30

Maison Mackenzie – Chegwidden

Washington McLean

_ Je suis rentrée !

_ Maman !

_ Ça va ma puce ? Alors cette première journée d’école ?

Ely baissa les yeux et trouva soudain un grand intérêt à ses pieds.

_ Ely, il y a eu un souci ?

_ Ben…euh…

Allan apparut à son tour et Mac comprit la gêne de sa fille. Le garçon avança l’air penaud affichant un bel œil au beurre noir.

_ Que s’est-il passé ?

_ Rien maman, je…

_ Tu t’es battu ?

_ Ce n’est pas lui qui a commencé !

_ Ely, c’est à ton frère que je pose la question.

_ Oui maman, je te demande pardon.

_ Pourquoi ?

_ Je… un autre garçon a dit du mal de toi, et après ils étaient plusieurs à se moquer de nous. Alors AJ et moi on s’est défendu.

_ AJ ! Tu as entraîné AJ dans cette histoire ?

_ Oui, je suis désolé.

_ Qu’on dit ces garçons pour que tu t’énerves comme cela ?

_ Ils…

_ Ils ont dit que tu devais être une trainée ou une pute ! AJ n’a pas aimé, il leur a foncé dedans. C’est quoi maman une trainée ?

_ Oui, ils ont dit que si on n’avait pas de père c’est que tu devais coucher avec n’importe qui.

_ Les enfants, venez ici.

Elle les serra dans ses bras et les regarda droit dans les yeux.

_ Je ne veux pas que vous vous battiez à cause de moi. Si vous avez un souci vous venez m’en parler où vous en parlez à votre institutrice. Ce n’est pas bien de se battre. Demain je vous emmènerais moi-même à l’école et je dirais deux mots à ce garçon et à sa maman. C’est comprit ?

_ Oui maman.

_ Bon à part ça ? C’était comment ? Vous vous êtes fait des amis dans vos classes ?

_ Oui, je suis assis à côté de Sarah en classe, elle a dit qu’elle m’aiderait à rattraper mon retard, tu sais maman, Sarah est la première de la classe !

_ Sarah est dans ta classe ! Mais c’est bien ça.

_ Oui et elle a dit qu’elle demanderait à sa mère si elle pouvait venir m’aider le mercredi et le samedi.

_ C’est une bonne idée, je vais en discuter avec Harriet. Et toi Ely ?

_ Moi je suis assisse à côté de Cathy, elle est gentille, elle m’a prêté son livre pour que je fasse mes devoirs ce soir.

_ Vous avez beaucoup de choses à acheter ?

_ Un peu, voici la liste, mais en fait nous y sommes allés avec AJ après l’école.

_ C’est vrai ?

_ Bien sûr chérie, on avait un peu de temps et ça nous a permis de se changer les idées. Tout est sur la table, j’ai pensé que tu voudrais y jeter un œil.

_ Oui merci. Tout ça !

_ Eh oui.

_ AJ tu me dirais combien ça t’a coûté que je puisse te rembourser quand…

_ Ce n’est pas la peine.

_ AJ !

_ Sarah, nous serons bientôt mariés et ça me fait plaisir.

_ Je sais mais ça me gêne que tu paies tout.

_ Sarah je sais que tu n’es pas du genre à profiter, mais je t’assure ça ne me dérange pas. Oh mais je vois qu’il y en a une qui fait la tête. Viens là Aminata, je t’ai aussi acheté quelque chose. Tiens, c’est pour toi.

_ Oh un livre avec des images, comme à la crèche, merci AJ.

_ Oui merci AJ.

Sarah l’embrassa tendrement et s’éternisa un peu sur ses lèvres.

_ Hum hum, si on mangeait !

Sarah et AJ regardèrent les trois enfants qui les fixaient et éclatèrent de rire devant leur sérieux.