6 ème partie
Sarah Mackenzie
6ème partie
22 novembre 2009
Kandahar
Elemiah avançait vers la jeep des soldats, ceux-ci venaient de la voir et se demandaient ce qu’une enfant faisait seule dehors à une heure aussi matinale, ils avancèrent dans sa direction. Elemiah avait le cœur qui battait très fort dans sa poitrine, elle voyait la voiture avancer vers elle et ne put faire un pas supplémentaire. Ses yeux marrons fixaient avec intensité les uniformes de ces hommes, elle essayait de voir leur nationalité, enfin elle le vit ce bel écusson bleu, blanc, rouge sur la manche d’un des soldats. C’était bien des français, sa mère avait reconnu le bon uniforme. La voiture venait de s’arrêter et l’un des soldats lui demanda en arabe ce qu’elle faisait là. Elle décida de lui répondre directement en français.
_ Bonjour, je… je voulais vous parler, j’ai besoin de votre aide et de votre protection, ainsi que ma famille.
_ Tu parles français ?
_ Oui, ma mère me l’a enseigné.
_ Ta mère est française ?
_ Non, américaine, nous étions prisonniers des rebelles islamiques, nous nous sommes enfuis il y a de cela sept jours, mais ils sont sûrement à notre recherche. Nous devons rejoindre l’ambassade américaine à Kaboul.
_ Que dis-tu ? Peux-tu nous donner ton identité ?
_ Je m’appelle Elemiah Mackenzie, ma mère est le Colonel Sarah Mackenzie des Marines des Etats-Unis, elle est prisonnière depuis octobre mille neuf cent quatre-vingt dix neuf.
_ Antoine, appelle le QG qu’il vérifie cela !
_ Ok, je le fais de suite. Sierra, bravo, tango deux au QG, répondez.
_ Sierra, bravo, tango deux, ici QG.
_ QG, demandons confirmation d’identité sur otage américain.
_ QG à l’écoute.
_ Colonel Sarah Mackenzie.
_ Recherchons information, nous recontactons dès que possible, terminé.
_ Reçu fort et clair, terminé.
_ Où se trouve ta famille ?
_ Derrière la montagne.
_ Monte avec nous, nous allons les rejoindre.
Elemiah monta et la jeep se mit en route dans la direction qu’elle leur avait indiquée. Mac comprit que tout s’était bien passé et que les soldats avaient cru à l’histoire d’Elemiah. La jeep s’arrêta en face d’elle et un homme descendit.
_ Bonjour Colonel.
_ Bonjour Sergent chef Martin.
_ Vous connaissez les grades, c’est déjà bon signe mais ça ne prouve rien. Nous avons demandé à notre QG d’effectuer une recherche.
_ Je comprends, vous risquez d’avoir comme réponse que je suis décédé en mille neuf cent quatre-vingt dix neuf, c’est ce qu’ont fait croire les rebelles à mon pays.
_ Très bien. Ce sont vos enfants ?
_ Oui, vous connaissez déjà ma fille Elemiah qui a sept ans, voici mon fils Allan, il a neuf ans et voici ma deuxième fille, Aminata qui a quatre ans.
_ Sierra, bravo, tango deux, ici QG, avons contacté ambassade américaine à Kaboul et avons votre réponse.
_ QG, ici Sierra, bravo, tango deux, écoutons votre réponse.
_ Un Colonel Sarah Mackenzie a bien disparu en mille neuf cent quatre-vingt dix neuf, mais quelques semaines plus tard elle a été rendue morte à son pays.
_ Bien reçu QG, dites à l’ambassade américaine qu’il se pourrait qu’elle soit bien vivante. De plus leur dire que trois enfants voyagent en sa compagnie.
_ Bien reçu Sierra, bravo, tango deux. Pouvons-nous faire autre chose ?
_ Oui QG, leurs vies sont actuellement en danger, demandons l’autorisation de les ramener à la base en attendant leur transfert à Kaboul.
_ Autorisation accordée Sierra, bravo, tango deux. Terminé.
_ Reçu fort et clair, terminé.
_ Montez, nous vous conduisons à la base, là-bas vous serez en sécurité, vous pourrez prendre une douche et manger.
_ Merci beaucoup.
Les soldats français aidèrent Mac et les enfants à monter dans leur jeep, puis prirent la direction de la base.
22 novembre 2009
Base interarmées, Kandahar, Afghanistan.
On lui avait donné une chambre comportant six lits et une douche. Les enfants étaient rentrés dans cette pièce en ouvrant grands leurs yeux, ils allaient dormir chacun dans un lit qui en plus n’était pas à même le sol. Ils avaient des draps et des couvertures, ainsi que des oreillers. Mac les observait, elle pouvait voir leurs mines surprises et cela la rendait heureuse.
_ Les enfants ! Quand vous aurez fini de regarder vos lits comme ça, on pourra peut-être se laver.
_ Oui maman.
Au moment où ils entrèrent dans la salle de bain, on frappa à la porte. Mac alla ouvrir.
_ Colonel, voici des vêtements propres, ils seront sûrement trop grands pour les enfants, nous avons prit les plus petites tailles à la boutique de la base. Ce sont des survêtements, donc vous pouvez couper en longueur et resserrer avec le cordon à la taille, ça devrait aller.
_ Merci beaucoup pour tout ce que vous faites.
_ De rien, je crois que personne ici ne peut imaginer ce qu’a été votre vie pendant toutes ces années, nous essayons de faire au mieux pour que vous vous sentiez bien. Y a-t-il autre chose que nous pouvons faire ?
_ Oui, cela fait sept jours que nous n’avons rien mangé en dehors de quelques plantes du désert.
_ Oh mon dieu, bien sûr, je vous amène ça le plus rapidement possible.
_ Merci beaucoup. Euh… attendez. Il faudrait que je voie un officier américain ou français, j’ai des informations sur les Talibans.
_ Je vais en parler à mon supérieur, je vous tiens au courant.
_ Merci.
Pendant ce temps, les enfants avaient ouvert le robinet et regardaient l’eau couler, ils étaient subjugués. Mac entra et pour la première fois elle vit des expressions d’enfants sur leurs visages.
_ Dites les enfants, il faudrait peut-être penser à se laver !
_ Oui maman, mais tu as vu, il y a tant d’eau et ça ne s’arrête pas !
_ Oui je sais. Allez ! Enlevez vos vêtements et tous les trois dans la baignoire maintenant qu’elle est presque pleine.
Ils obéirent et entrèrent timidement dans la baignoire et s’assirent dans l’eau.
_ Maman ! L’eau n’est pas froide !
_ Non, et j’espère que plus jamais vous ne serez obligés de vous laver à l’eau glacée. Tenez, voici le savon et frottez bien partout. Je suis dans la pièce à côté si vous avez besoin.
_ Ok !
Mac était assisse à la table qui se trouvait dans la chambre, elle étudiait la carte qu’ils avaient dérobé de plus près. Mais elle n’était pas vraiment concentrée, elle écoutait les rires de ses enfants qui provenaient de la pièce voisine. C’est un son qu’elle adorait entendre. Elle fut sortie de ses pensées par trois coups frappés à la porte. Elle se leva et alla ouvrir.
_ Colonel, voici ce que notre chef a pu faire de plus rapide. Ce ne sont que des pâtes à la sauce tomate, j’espère que ça ira. Sinon je vous apporte aussi une salade de fruits frais.
_ Oh mon dieu ! Merci beaucoup, ça a l’air vraiment délicieux, cela fait des années que je n’ai pas mangé ça et mes enfants ne connaissent même pas.
_ C’est vrai ? Je suis ravi que cela vous convienne. Pour ce qui est de vos informations sur les rebelles, les chefs pourrons vous entendre à treize heure. Bon je vous laisse, bon appétit.
_ Merci beaucoup pour tout.
Mac referma la porte et posa la nourriture sur la table.
_ Les enfants il va falloir penser à sortir de cette baignoire, le repas est arrivé.
Elle entra dans la salle de bain et découvrit un gigantesque champ de bataille, il y avait de l’eau partout. Elle fit une mou de mécontentement et essaya de faire les yeux noirs, mais le résultat fut une bonne crise de rires et elle finit complètement trempée. Finalement elle sécha ses enfants, les habilla et leur demanda de patienter dix minutes le temps de prendre sa douche. Lorsqu’elle sortit de la salle de bain, elle trouva ses trois enfants autour de la table en train de sentir le repas.
_ Vous avez faim ?
_ Oh oui ! Maman ça sent bon, qu’est-ce que c’est ?
_ Ce sont des pâtes à la sauce tomate. Asseyez-vous, je vais vous servir.
Mac les servit, mais n’en mit pas trop, elle ne voulait pas les rendre malade, leurs estomacs n’étaient pas habitués à tant de nourriture.
_ Maman c’est bon !
_ Oui, on peut en avoir encore ?
_ Je ne préfère pas les enfants, vous allez être malade, il faut que vos estomacs s’habituent, goûtez plutôt la salade de fruits.
_ Oui maman.
_ Ne faites pas cette tête, vous aurez l’occasion d’en remanger, je vous le promets.
Les enfants dévorèrent les fruits. Mac était ravie de les voir enfin un peu heureux.
25 novembre 2009
Base interarmées, Kandahar, Afghanistan
Leur transfert vers Kaboul avait lieu aujourd’hui. Il avait fallu tout ce temps car les renseignements que détenaient Mac intéressaient grandement les officiers présents sur la base. Elle leur avait dit tout ce qu’elle savait. Elle leur avait aussi dit que les Talibans avaient sûrement bougés depuis son évasion. Mais peu leur importait, ils n’avaient jamais eu autant d’informations en si peu de temps. Ils avaient envoyé un commando le jour même où Mac avait atteint Kandahar.
22 novembre 2009
Washington DC, Etats-Unis
Maison d’AJ Chegwidden
Il se préparait pour une nouvelle journée de débats avec les autres membres de la commission, lorsque la sonnette de la porte d’entrée retentit. Il se demanda qui cela pouvait-être de si bonne heure. Il finit de boutonner sa chemise et alla ouvrir.
_ Clayton Webb !
_ Bonjour Amiral.
_ Je ne suis plus Amiral, appelez-moi AJ.
_ Très bien. AJ puis-je entrer ? J’ai des informations de la plus haute importance à vous communiquer.
_ A quel sujet ?
_ Au sujet du Colonel Mackenzie.
_ Pardon ? Mac est morte il y a dix ans, pourquoi venez-vous me voir maintenant ?
_ Elle est vivante. Elle a été trouvée ce matin par des soldats français à Kandahar.
_ Quoi ??? Entrez.
Webb entra et raconta le peu qu’il savait à AJ. Cela le mit tout d’abord dans une colère noire quand il découvrit que personne n’avait prit le soin de vérifier le contenu du cercueil. Mais une joie immense envahit son cœur quand il réalisa enfin que Mac était bel et bien en vie.
_ Je pars pour l’Afghanistan dans trois heures, est-ce que vous venez avec moi ?
_ Bien sûr que je viens. Il faut seulement que je passe voir les membres de la commission pour la nomination du nouveau JAG. Mais je crois que je vais leur apporter la solution à notre dilemme.
_ Très bien, je vous y conduis.
_ Ok, laissez-moi dix minutes, le temps de faire une valise. Vous pouvez vous servir un café si vous le désirez.
_ Très bien, merci.
Trois heures plus tard, ils se trouvaient tous les deux à bord d’un avion de la CIA à destination de Kaboul. AJ avait demandé à la commission d’attendre son retour pour reprendre les débats en leur certifiant qu’il leur ramènerait un troisième candidat pour le poste. Il n’y avait vu aucune objection et étaient plutôt ravis d’avoir quelques jours pour se reposer.
24 novembre 2009
Aéroport de Kaboul
Les deux hommes n’avaient pas échangé beaucoup de paroles durant le voyage. Webb savait très bien que l’ancien Amiral lui en voulait d’avoir mit un membre de son équipe sur une mission aussi dangereuse et apprendre aujourd’hui que ce même membre était resté aux mains des talibans pendant toutes ces années ne le mettait pas franchement de bonne humeur.
Une voiture de l’ambassade les attendait à l’aéroport, moins d’une heure plus tard, ils se trouvaient tous les deux dans le bureau de l’ambassadeur.
_ Où se trouve le Colonel Mackenzie ?
_ Oui, nous pensions la voir dès notre arrivée !
_ Elle n’est pas encore à Kaboul.
_ Comment ça ?!
_ Elle détient des informations militaires de la plus haute importance, en ce moment elle informe nos troupes à Kandahar de la situation des rebelles du groupe islamique d’Al Kaida.
_ Quoi ?!!!
_ AJ, calmez-vous.
_ Que je me calme ! Cette femme est prisonnière depuis dix ans, laissez-là donc respirer un peu !
_ Ne vous inquiétez pas Amiral, elle devrait rejoindre Kaboul demain.
_ Je l’espère pour vous. Webb, dites à vos pilotes que nous partirons la nuit du vingt cinq, il est hors de question que Mac risque sa vie plus longtemps.
_ Euh…
_ Maintenant !
_ Très bien.
Webb préféra obéir, il avait déjà vu la colère d’AJ Chegwidden et n’avait aucune envie qu’elle se déverse sur lui.
25 novembre 2009
Ambassade américaine, Kaboul, Afghanistan
Depuis le début de la matinée, AJ faisait les cents pas tel un lion en cage. Il se demandait dans quel état il allait retrouver Mac, il se demandait même s’il allait la reconnaître.
Soudain il entendit une voiture dans la cour. Elle était enfin là. Il descendit les escaliers en quatrième vitesse et sortit sur le perron de l’ambassade.
Une portière venait de s’ouvrir, une petite tête brune apparût. C’était une petite fille avec de longs cheveux bruns, le portrait craché de Mac, puis une deuxième un peu plus âgée et ensuite un garçon brun lui aussi avec des cheveux qui cachaient en partie son visage.
AJ était dubitatif.
_ Vous ne m’aviez pas dit qu’il y avait des enfants !
_ Je… je l’apprends en même temps que vous.
_ Oh mon dieu !
Il n’avait aperçu qu’une jambe dépasser de la voiture, mais il sentait que cette fois c’était elle. Enfin il la découvrit toute entière. De longs, très longs cheveux bruns qui laissaient à peine entrevoir son visage. Elle était si maigre, elle avançait doucement surveillant ses enfants, elle ne l’avait pas encore vu.
Soudain le temps parut s’arrêter, elle avait relevé la tête et avait aperçu les deux hommes sur les marches de l’ambassade. Deux visages qu’elle connaissait. Cela faisait si longtemps. Doucement elle se rapprocha d’eux, jusqu’à se trouver qu’à quelques centimètres. Elle les fixa chacun à tour de rôle et toujours sans un mot, elle passa ses bras autour d’AJ et le serra très fort.
AJ, tout d’abord surprit resta sans bouger, puis il passa ses bras autour de Mac, il était si heureux de la toucher, de la voir si vivante.
_ Mac ! Vous nous avez manqué !
_ Ah bon ! Pourtant vous m’avez laissé moisir ici monsieur Webb.
_ Euh…
_ Mac ! Mon dieu, je n’arrive pas à y croire.
_ Bonjour Amiral, je suis si contente de vous voir.
_ Et moi donc ! Mais dites-moi, qui sont ces trois têtes brunes ?
_ Oh ! Les enfants, venez ici que je vous présente l’Amiral Chegwidden.
Les trois enfants approchèrent et regardèrent l’Amiral avec une certaine curiosité. Pendant toutes ces années leur mère leur en avait souvent parlé, mais là, il se trouvait en face d’eux.
_ Amiral, je vous présente mes enfants. Tout d’abord l’ainé Allan, il a neuf ans, sa sœur Elemiah, elle a sept ans et enfin la petite dernière, Aminata, qui vient d’avoir quatre ans.
AJ avait entendu tous les mots de Mac, mais son regard s’était perdu dans les yeux du garçon, ces yeux si bleus, qu’il connaissait si bien.
_ Bonjour monsieur, ma mère m’a souvent parlé de vous.
Allan avait tendu sa main à l’Amiral, mais ce dernier ne réagissait pas.
_ Oh pardon, excuse-moi, bonjour Allan, c’est juste que tu ressembles tant à tes parents.
_ A mes parents ? Comment ça ?
_ Rien Allan, l’Amiral est un peu sous le coup de l’émotion, il trouve que tu me ressembles beaucoup.
_ Ah ok.
_ Les enfants, entrez dans l’ambassade, je serais plus tranquille.
_ Oui maman. (Répondirent-ils en cœur.)
_ Nous ferions mieux d’en faire autant, notre avion décolle dans quelques heures, un peu de repos ne nous fera pas de mal après toutes ces émotions.
_ Oui vous avez raison, Mac entrez, on vous suit.