4 ème partie
Sarah Mackenzie
4ème partie
30 septembre 1999
Province de Kandahar, Afghanistan
Cela faisait vingt jours que sa mission avait commencé, Mac avait très bien réussi à se faire passer pour une afghane, elle se rapprochait des autres villageois auxquels elle avait fait croire qu’elle avait fui son village après que sa famille ait été tuée lors d’un tir ennemi. D’après les renseignements que lui avait fournis la C.I.A., dans ce village se trouvait plusieurs rebelles chargés de recruter pour le compte d’Al Kaïda. Depuis quelques jours elle s’était sentie observée, elle correspondait exactement à ce qu’ils recherchaient. Une jeune femme à l’apparence fragile, qui avait déjà tout perdu, et qui accepterait certainement de faire tout ce qu’on lui dirait.
6 octobre 1999
Deux rebelles étaient enfin entrés en contact avec elle, ils lui avaient expliqué qui ils étaient sans toutefois dévoiler leurs identités, lui avaient demandé si cela l’intéressait de rejoindre l’armée qui se battait pour libérer le pays des forces ennemies. Elle avait accepté et le départ était prévu le soir même.
10 octobre 1999
Cela faisait maintenant quatre jours qu’ils avançaient dans le désert, les deux hommes étaient toujours méfiants et chaque jour ils procédaient à une fouille complète de ses affaires. Ainsi, trois jours plus tôt, elle avait dû se séparer de son émetteur, les rebelles ayant exigés qu’elle se sépare de ses bijoux.
15 octobre 1999
Enfin elle était arrivée au camp des rebelles, une vraie forteresse cachée dans les montagnes. Maintenant qu’elle se trouvait là, ses consignes étaient claires, essayer par tous les moyens de signaler sa position.
16 octobre 1999
Elle avait le sommeil agité, faisait souvent le même cauchemar, mais cette nuit là, elle n’aurait pas dû le faire. Ses peurs et ses angoisses s’étaient traduites par des paroles dans son sommeil. Il n’avait pas fallu cinq minutes aux rebelles pour se rendre compte qu’elle avait parlé dans une autre langue. Ils l’avaient réveillé, levé, bousculé et trainé dans une pièce sombre et sans fenêtre. Elle resta là, seule dans le noir de longues heures, combien de temps exactement, elle ne le sût pas, mais elle aurait préféré ne pas voir la lumière ce matin là.
17 octobre 1999
Des heures qu’elle était attachée sur cette chaise, les yeux bandés. Elle avait eu droit aux coups, au fouet, elle sentait le goût de son propre sang couler au fond de sa gorge. Mais elle n’avait pas parlé, elle mourrait plutôt que de parler.
18 octobre 1999
Elle n’était plus en position assisse, mais allongée sur une table, attachée par ses quatre membres.
_ Lieutenant Colonel Sarah Mackenzie, voici donc votre identité. Votre peuple n’est pas d’une intelligence remarquable. Ce sont eux qui nous ont dévoilé votre identité. Ils ne doivent pas accorder une très grande importance à votre vie. Ce que vous êtes venue faire ici n’a pour nous aucune importance et nous savons aussi que vous nous êtes d’aucune valeur. Néanmoins, nous allons nous servir de vous pour faire passer un message à votre pays. Mais pour le moment voici un peu d’eau, nous reviendrons vous voir plus tard.
1er novembre 1999
Cela faisait des jours qu’elle était enfermée dans cette pièce sombre où seul un rayon de lumière passait par-dessous la porte. Elle n’avait subi aucun interrogatoire depuis, mais les hommes qui la surveillaient et qui lui apportaient ses repas, avaient reçu comme consignes de faire ce qu’ils souhaitaient d’elle. Ainsi plusieurs fois par jour, elle devait subir les violences tant morales, que physiques ou sexuelles. Mais aujourd’hui c’était l’homme qui l’avait appelé par son nom qui se trouvait devant elle.
_ Alors Colonel, que pensez-vous de votre séjour parmi nous ? Nous avons contacté votre pays et décidé de vous rendre à eux.
_ Je ne vous crois pas !
_ Vous avez du caractère. Pourtant je dis la vérité, malheureusement pour vous, c’est morte que vous regagnerez les Etats Unis. Vous comprenez bien que nous ne pouvons vous laisser en vie alors que vous connaissez nos visages.
_ Ne faites pas ça, gardez-moi ici.
_ Colonel, commenceriez-vous à avoir peur ? Certain de mes hommes se sont plaints de vous, il parait que vous n’avez pas été très obéissante, alors donnez-moi une bonne raison de vous garder en vie.
_ Je connais vos traditions et votre respect de la vie d’innocent.
_ Oh mais vous ne faites pas partie de cette catégorie Colonel !
_ Je suis enceinte, l’enfant que je porte mérite de vivre, laissez-moi le mettre au monde, après vous choisirez de faire ce que vous voulez de moi.
_ Hum, c’est ennuyeux, nous avons déjà promit à votre pays de vous libérer. Je vais réfléchir. Bonne nuit Colonel, demain je vous ferais part de ma décision.
Elle venait de gagner un peu de temps, elle ne savait pas si cette révélation serait suffisante mais c’était sa seule chance de vivre.
2 novembre 1999
Quelque part dans le sud de la province de Kandahar, Afghanistan
_ Debout Colonel, vous avez assez dormi.
Mac se leva sans rien dire, mieux valait rester calme.
_ Vous savez que vous me posez un réel problème. J’ai appelé l’un de mes amis qui se trouve également être médecin. Il arrivera dans trois jours et vous examinera. S’il s’avère que vous nous avez menti, je peux vous dire que votre mort n’en sera que plus lente. Dans le cas contraire, néanmoins vous serez morte aux yeux de votre pays, mais bon nous n’en sommes pas encore là. En attendant j’ai donné des consignes précises à mes hommes, ils vous apporteront un repas par jour, car si vous êtes bien enceinte, cet enfant a besoin de forces. Ils ont également interdiction de lever la main sur vous, néanmoins si vous tentez quoi que ce soit, ils n’hésiteront pas à vous abattre, est-ce bien clair ?
_ Très clair.
_ Passez une bonne journée Colonel, on se revoit dans trois jours.
Mac n’avait pas tout saisi, que voulait-il dire par « morte pour son pays ».
5 novembre 1999
Le docteur était arrivé comme prévu, cela faisait maintenant une heure qu’il examinait Mac. Elle commençait à se demander si ses hormones ne l’avaient pas trompé. Pourtant non, elle en était certaine. L’homme cessa enfin de l’examiner et la regarda droit dans les yeux. Puis il sortit sans dire un mot.
Quelques minutes plus tard, plusieurs hommes entrèrent dans la pièce, parmi eux se trouvait celui qui donnait les ordres.
_ Colonel, des félicitations s’imposent. Par contre il y a une chose que je ne comprends pas, votre pays ne doit pas avoir beaucoup de respect pour la vie. Pourquoi envoyer une femme enceinte sur une mission aussi dangereuse ? Où en fait la vraie question, pourquoi avoir accepté cette mission dans votre état ?
_ …
_ Colonel, le silence n’est pas votre ami, racontez-moi et peut-être je serais alors plus clément.
_ J’ignorais ma grossesse lors de mon départ, je ne m’en suis aperçue que quelques jours avant d’arriver ici.
_ Vous auriez renoncé à cette mission si vous l’aviez su ?
_ Pour vous dire la vérité, oui. Même si cet enfant n’est pas le fruit de l’amour.
_ Je dois dire que vous m’intéressez Colonel, poursuivez, je n’ai que peu l’occasion de me distraire.
_ Je ne souhaite pas parler de cela.
_ Oh, mais je ne vous en laisse pas le choix.
_ Un homme que je pensais être mon ami, a abusé de moi la veille de mon départ pour cette mission.
_ Je vois, je dois dire que j’avais un profond respect pour votre courage Colonel et bien maintenant j’en ai encore davantage. Je dois dire que vous me fascinez. Je pense qu’on va vous garder parmi nous, vous ferez une bonne mère pour nos enfants, et la présence d’une femme n’est jamais désagréable.
_ Mais, et votre promesse à mon pays ?
_ Oh mais ne vous inquiétez pas, nous allons la tenir.
_ Comment ?
_ Nous déposerons votre cercueil devant les grilles de l’ambassade américaine à Kaboul, le huit novembre comme prévu au départ… Je vois à votre regard que vous ne comprenez pas, ce cercueil sera scellé et contiendra la dépouille d’une de nos femmes qui est justement décédé il y a quinze jours.
_ Mais ils vérifieront, ils…
_ Oh que non, Colonel. Les services secrets de votre pays savent très bien de quoi nous sommes capables, ils obéiront à la lettre.
Mac réalisait enfin le piège qui venait de se refermer sur elle. Elle venait de se condamner elle et son enfant a une vie de prisonniers jusqu’à leurs mort.