Sanrever

12 ème partie

Sarah Mackenzie

 

12ème partie

 

 

 

Vendredi 12 février 2010

22H30

Mer du Japon – Seahawk

 

Cela faisait déjà quatre semaines que le Sergent Brooke et le Commandant Rabb avait prit la relève sur le Seahawk. Les premiers jours sur le bâtiment ils n’avaient pu voir autre chose que leur bureau, immergés sous la paperasse que leurs avaient laissé leurs prédécesseurs. Les journées de travail se suivaient et se ressemblaient. Les rapports qu’entretenaient le Sergent et le Commandant étaient strictement professionnels, ils n’abordaient jamais de sujets personnels. Le Sergent Brooke avait d’abord appréhendé de passer ces six mois en mer avec son supérieur, les premières journées lui avaient paru si longue, le Commandant Rabb restait plus muet qu’une carpe. Finalement elle était tombée sur un dossier intéressant et avait lancé la conversation, présumant de se faire remettre à sa place, mais ce ne fut pas le cas, à sa grande surprise le Commandant Rabb l’avait écouté et avait même prit le temps de lui expliquer la procédure et lui avait confié la charge de résoudre cette affaire.

 

Chaque jour il lui donnait des conseils et devenait de plus en plus sociable. Pourtant elle voyait une réelle détresse et tristesse dans son regard. Elle y voyait un homme  que personne ne lui avait décrit ainsi. Elle se rendait compte qu’une grande blessure avait dû envahir son cœur et son âme pour qu’il devienne l’homme à éviter à tout prix. Mais quelque chose en lui avait changé et elle en était persuadée, ça avait un rapport avec le Général Mackenzie.

 

Elle regagnait le bureau en sortant du mess et fut surprise de le trouver désert. Elle devait faire son rapport hebdomadaire dans moins d’une heure et n’avait pas eu de consignes de la part du Commandant. Elle partit donc à sa recherche en commençant par la salle de briefing des pilotes, il aimait y passer du temps. Ne le trouvant pas elle se dirigea vers le pont arrière et vit une silhouette accoudé à la rambarde. Il était à peine visible tellement la nuit était noire ce soir, juste quelques étoiles perçaient la couche nuageuse. Elle s’approcha de lui et pour ne pas le surprendre toussota à quelques mètres de son but.

 

_ Ah Sergent c’est vous ?

_ Oui Monsieur.

_ Vous me cherchiez ?

_ En effet, je n’ai pas eu votre rapport pour le compte rendu hebdomadaire.

_ C’est exact, je suis désolé, j’étais perdu dans mes pensées.

 

Elle vit que son supérieur tenait la photo d’un petit garçon dans ses mains, elle osa entamer la conversation.

 

_ C’est votre fils Monsieur ?

_ Oui, il est beau n’est-ce pas ?

_ Il a vos yeux, comment s’appelle-t-il ?

_ Allan.

_ C’est un joli prénom, il a quel âge ?

_ Neuf ans.

 

Elle vit à la foi de la fierté et de la tristesse dans son regard lorsqu’il dit cela.

 

_ Il doit vous manquer je suppose.

_ Oui en effet, surtout que je ne le connais pas, j’ai appris son existence peu avant notre départ.

 

Elle l’écoutait et n’osait rien dire, il sentait qu’il avait besoin de parler, de se confier.

 

_ Je ne sais pas si j’ai le droit de faire partie de sa vie. J’aimerais tant entendre sa voix, savoir ce qu’il aime. Vous savez Sergent, j’ai toujours voulu avoir un fils et aujourd’hui que j’en ai un, je ne suis pas sûr de le mériter. Je ne sais même pas s’il voudra me connaître.

_ Vous êtes son père, s’il n’a ne serait-ce qu’un petit peu de votre tempérament il voudra certainement vous connaître. Je ne veux pas paraître indiscrète, mais comment se fait-il que…

_ Que je ne connaisse pas mon fils ? Ne vous inquiétez pas je comprends votre question. J’ai aimé sa mère il y a de cela très longtemps puis je l’ai cru perdue à jamais. Et voilà qu’elle est là et qu’en plus elle m’offre le bonheur d’être père.

_ C’est le fils du Général Mackenzie n’est-ce pas ?

 

Il ne répondit que d’un hochement de tête, quelques larmes coulaient sur son visage. Il avait réussi à en parler un peu, à se confier. Le Sergent Brooke posa sa main sur la sienne voulant ainsi lui signifier qu’elle garderait son secret et serait pour lui une oreille amie en cas de besoin. Elle venait de découvrir la raison du changement de personnalité de cet homme qu’elle croyait froid et coléreux.

 

Cela faisait déjà vingt minutes qu’ils étaient là à garder le silence, lui fixant toujours cette photo, elle reliant les files entre eux dans sa tête. Maintenant elle comprenait ce que son CO avait voulu dire par perdu la foi. Elle le connaissait certainement mieux que quiconque et elle lui avait confié la tâche de le surveiller et de l’aider. Elle fut sortie de sa réflexion par le Commandant Rabb.

 

_ Sergent ! Pourquoi me cherchiez-vous déjà ?

_ Oh mince, le Général Mackenzie, je vais être en retard pour faire mon rapport.

_ Ne vous inquiétez pas Sergent, cette semaine c’est moi qui vais le faire.

_ Vous ! Vous êtes sûr ?

_ Oui, je dois lui parler, je vous remercie, grâce à vous j’y vois un peu plus clair.

_ Mais je… je n’ai rien fait.

_ Vous m’avez écouté, c’est déjà bien plus que ce que les gens m’accordent.

_ De rien. Tenez voici mes notes.

_ Merci et si je ne vous revois pas, bonne nuit.

_ Merci Commandant, à vous aussi.

 

Harm regagna sa cabine avant de se rendre au téléphone situé au niveau supérieur. Il attendit qu’un matelot finisse sa communication avant de se retrouver à son tour le combiné à la main près à composer le numéro du JAG. Ne voulant pas tomber sur Coates, il composa la ligne directe de Mac.

 

_ Général Mackenzie !

_ Mac c’est Harm… je…

_ Commandant Rabb, bonjour, alors comment ça se passe votre séjour sur le Seahawk ? C’est la première fois que vous appelez vous-même.

_ Oui Général. Alors cette semaine nous avons…

 

Harm fit son rapport pendant plus de dix minutes. Mac avait mis ses distances en employant son grade, il voulait lui parler mais ne savait pas comment s’y prendre.

 

_ Vous avez bien avancé ! Vous êtes content du Sergent Brooke ?

_ Oui elle s’intéresse et s’investi beaucoup dans son travail, elle est vraiment compétente.

_ Seriez-vous en train de complimenter quelqu’un ?

_ Mac, pourquoi faites-vous ça ? Vous ne m’aidez pas, je…

 

Mac savait que s’il se donnait la peine d’appeler lui-même et sur sa ligne directe, c’est qu’il avait plus que le rapport à dire. Non elle ne l’aidait pas, mais elle sentit que si elle ne relâchait pas un peu la pression, elle le braquerait et qu’il se renfermerait dans son monde.

 

_ Qu’y-a-t-il Harm ? Vous vouliez autre chose ?

_ Euh (surpris par le changement de ton) oui, je… je voulais vous parler d’Allan. Comment va-t-il ? Il s’adapte ? Il a des amis ?

_ Il va bien, il rattrape petit à petit son retard grâce à AJ et Sarah. Il s’intègre plutôt bien aux autres enfants, surtout avec les filles.

_ C’est vrai ! Et… vous…lui avez parlé de moi ?

_ Non pas encore, j’attendais de vos nouvelles, j’attendais de savoir si vous vouliez faire partie de sa vie.

_ Je le veux ! Euh je veux dire que j’en ai très envie. Vous croyez que je pourrais le voir bientôt ?

_ Pas avant votre retour du moins, après ça dépendra de lui, je vais lui parler ce week-end.

_ C’est vrai ? Vous allez lui parler de moi ?

_ Oui Harm, vous êtes son père et je n’ai pas le droit de le lui cacher. Comprenez bien que je le fais pour lui, pas pour vous.

_ Oui je comprends. Vous croyez que je peux lui écrire ?

_ Oui pourquoi pas, ça lui permettrait de vous connaître un peu.

_ Alors je vais lui écrire une lettre, je vous la ferais parvenir en même temps que les dossiers à la fin du mois.

_ Sinon remettez-là à Singer, elle arrive dans trois jours pour vous aider sur l’affaire Vinatti.

_ D’accord je ferais ça. Merci, mille fois merci.

_ De rien, passez une bonne nuit Harm et dites bonjour au Sergent Brooke pour moi.

_ Pas de souci au revoir.

 

Harm raccrocha le combiné, un sourire aux lèvres, il avait un fils et son fils allait savoir qu’il existait.

 

 

Samedi 13 février 2008

Washington D.C.

 

_ Je suis content de passer l’après-midi avec toi, c’est la première fois que l’on fait quelque chose rien que tous les deux.

_ Moi aussi je suis contente mon ange.

_ Maman, pourquoi tu m’as amené ici ?

_ Viens, allons nous asseoir sur ces marches.

_ D’accord.

 

Allan et Mac firent quelques pas avant de s’asseoir sur des marches faisant face à la maison blanche. Allan regardait tout autour de lui, ce qu’il voyait était si grandiose comparé à ces années où il n’avait connu que les étendus de sables à perte de vue. Tout autour d’eux, les touristes se promenaient, prenaient des photos. D’autres personnes passaient pressées suspendues à leur téléphone. Lui était là tenant un chocolat chaud acheté chez Starbuck et passait un moment seul avec sa mère.

 

_ Allan, tu vois la roseraie là-bas ?

_ Le jardin avec toutes ces tiges emplies d’épines ?

_ Oui.

_ Oui je le vois.

_ Il faut que je te dise quelque chose, quelque chose que je t’ai caché jusqu’à aujourd’hui.

_ A propos d’une roseraie ?

_ Non mon ange, mais tout à commencé dans cette roseraie.

_ Tout quoi ?

_ C’est là que j’ai rencontré ton père.

_ Mon… mon père ?

_ Oui ton père, je l’ai rencontré ici même il y a maintenant seize ans.

_ Mais que veux-tu dire ? Mon père n’est pas un de ces…

_ Non Allan, j’étais déjà enceinte de toi lorsque j’ai été capturé.

_ C’est vrai ?! Mais… pourquoi tu ne me l’as jamais dit ?

_ Je… je ne voulais pas faire de différence entre toi et tes sœurs, je ne savais pas si on sortirait un jour de cet enfer. Je suis désolée, je n’avais pas le droit de te mentir.

_ Non, je comprends, tu as voulu nous protéger. Mais mon père, où est-il aujourd’hui ?

_ Toujours à Washington, enfin pas en ce moment, mais d’ici quelques mois oui.

_ Tu l’as vu ?

_ Oui, il travail sous mes ordres.

_ Il travail au JAG ? Je… je le connais ?

_ Non, tu ne l’as jamais vu, il est actuellement sur l’un de nos porte-avions situé dans la Mer du Japon.

_ Mais pourquoi tu me parles de lui aujourd’hui ?

_ Parce que lorsque je l’ai vu en janvier je lui ai parlé de toi. Il a eu du mal à se remettre du fait que je sois en vie et apprendre qu’il avait un fils l’a chamboulé. Alors il a demandé son affectation sur le Seahawk pour une durée de six mois. Mais hier il m’a appelé et il m’a dit qu’il aimerait te rencontrer.

_ C’est vrai ? Mais je ne saurai pas quoi lui dire.

_ Il m’a dit qu’il allait t’écrire. Allan mon ange, tu n’es pas forcé de le rencontrer si tu ne le souhaites pas.

_ Je… je ne sais pas. Il… il est comment ? Il s’appelle comment ?

_ Il s’appelle Harm, Harmon Rabb. Il est grand, avec les mêmes yeux bleus que toi. Il est à la fois pilote et avocat.

_ Pilote ? Toi avec un pilote !

_ Pas vraiment non. Il était mon meilleur ami et mon coéquipier au JAG. C’est le grand frère de Sergueï que tu connais déjà.

_ Il est Russe ?

_ Non américain, ils n’ont pas la même mère.

_ Et tu crois que je vais m’entendre avec lui ?

_ Je ne sais pas, tu seras le seul à en juger.

_ Tu as une photo de lui ?

_ Je ne crois pas, mais je vais essayer d’en trouver une si tu le souhaites.

_ Je veux bien oui. Mais pourquoi ce n’est pas lui qui est venu nous chercher à Kaboul ? Pourquoi tu ne vis pas avec lui ?

_ Tu sais mon ange, les gens changent en dix ans.

_ Il ne t’aime plus ?

_ Ça je ne sais pas, mais moi maintenant j’aime AJ et lui est marié.

_ Il est marié ! Il a d’autres enfants ?

_ Non il n’a pas d’autre enfant.

_ Et sa femme elle est comment ?

_ Je ne sais pas, je ne l’ai jamais vue.

_ Je pourrai lui écrire une lettre moi aussi ?

_ Si tu veux oui.

_ Maman !

_ Oui ?

_ Merci de me l’avoir dit. Il fait froid, si on rentrait à la maison maintenant.

_ Oui tu as raison et on va acheter un paquet de marrons grillés pour tes sœurs en passant.

_ Et pour nous aussi ?

_ Oui et pour nous aussi.

 

Allan était maintenant au courant de l’existence de son père. Elle lui avait dit le minimum, c’était à eux d’apprendre à se connaître, elle n’interviendrait pas.

 

 

2 mars 2010

Washington DC

 

Singer était rentrée aujourd’hui et lui avait remis la lettre de Harm pour Allan. L’enveloppe était blanche sans aucune marque distincte, ça se voulait discret pour ne pas éveiller la curiosité de Loren qui pensait qu’elle contenait un document administratif quelconque. Mais elle, elle savait qu’elle était destinée à un petit garçon de neuf ans qui n’attendait que ça. Elle ne l’avait pas ouverte et ne l’ouvrirait pas, ce qu’elle contenait ne la regardait pas.

 

Elle était garée devant chez elle depuis déjà dix minutes, tournant cette enveloppe entre ses doigts. La neige avait fini par recouvrir entièrement le pare-brise. Elle se décida enfin à sortir, elle ouvrit la porte, déboutonna son manteau et rejoignit sa famille dans le salon.

 

_ Je suis rentrée !

_ Maman !

 

Allan la regarda dans les yeux comme chaque jour, se demandant si enfin la lettre qu’il attendait serait là. Il vit sa mère lui faire un sourire et aperçu l’enveloppe dans sa main. Il couru vers elle, attrapa la lettre et disparu dans les escaliers pour s’enfermer dans sa chambre. AJ regarda Sarah, désapprouvant toujours le fait qu’Harm puisse s’approcher de ceux qu’il considérait maintenant comme sa famille.

 

Allan se trouvait assis à même le sol, son dos reposant sur le côté de son lit. Il tournait l’enveloppe entre ses doigts, il avait hâte de la lire mais ne trouvait pas le courage de l’ouvrir. Cela faisait maintenant un bon moment qu’il était là et il fit un bon lorsque sa sœur toqua à la porte pour lui signaler que le repas était servi. Il se releva, rangea la lettre dans son cahier de mathématique et descendit prendre son repas.

 

Lorsqu’il regagna sa chambre ce soir là, il laissa la lettre là où il l’avait mise, se coucha et s’endormit assez rapidement.

 

_ Tu lui as donné ?

_ Oui.

_ Tu n’aurais pas dû.

_ AJ, ça ne te regarde pas. Que tu le veuilles ou non, Harm est son père et je n’empêcherais pas mon fils de le voir si c’est ce qu’il désir.

_ Après ce qu’il t’a fait ! Pourquoi tu lui as dit ?

_ Pour Allan.

_ Je ne comprends pas.

_ Il n’y a rien à comprendre. Allan lui ressemble, il l’aurait su tôt ou tard et je préfère qu’il l’ait apprit par moi.

_ Je peux comprendre ça, mais de qui va-t-il apprendre que son père est un salaud !

_ Hormis toi personne ne sait. Moi je ne lui dirais rien, si quelqu’un doit le lui dire un jour ce sera son père. Son père et personne d’autre tu m’entends ?

_ Je désapprouve et tu le sais, mais je te connais assez bien pour savoir que tu ne changeras pas d’avis, mais si jamais il…

_ Harm est déjà prévenu, il ne reverra jamais son fils si de quelque manière que ce soit, il le blesse.

_ Par contre Sarah, écoute-moi bien, je ne veux jamais le voir ici, jamais tu m’entends !

_ Oui je t’entends, je ne suis pas sourde, mais accepteras-tu de te retrouver dans la même pièce que lui pour les occasions comme Noël, le nouvel an où je ne sais quelle autre fête ?

_ Franchement je ne peux pas encore te le promettre.

_ Très bien. Bon je vais me coucher, ne fais pas de bruit quand tu me rejoindras, j’ai une réunion importante demain et je veux être en forme.

_ Je te rejoins de suite, le temps de faire le tour pour voir si tout est fermé.

Harm, toujours ce satané pilote, il fallait qu’il l’oublie, il le fallait pour son bonheur et pour celui de Sarah.

 

 

Mercredi 3 mars 2010

11H45

Ecole, cours de mathématiques

 

Les chiffres défilaient sur le tableau depuis le début du cours mais son esprit était ailleurs, en ouvrant son livre il était tombé sur la lettre de son père, elle était là entre deux pages de géométrie, toujours la même depuis la veille. Il était absorbé au point qu’il n’entendit pas la sonnerie et ses camarades se lever pour aller en pause déjeuné. Sarah était rendu au niveau de la porte lorsqu’elle s’aperçu que son ami ne la suivait pas. Elle retourna sur ses pas et se planta devant son pupitre. Allan avait prit la lettre entre ses doigts, mais il avait toujours la même peur au ventre.

 

_ Allan tu viens ?

_ Hum…

_ Il y a quelque chose qui ne va pas ? C’est quoi cette lettre ?

_ Hein, euh rien c’est…

 

Il rangea son livre se leva et suivi Sarah. Il toucha à peine a son déjeuné ce qui fit naitre encore plus de question dans la tête de Sarah. Elle avait l’impression d’être en compagnie d’un automate. Elle le suivi dans la cour jusqu’à un banc où ils s’assirent tous les deux.

 

_ Tu veux me parler de ce qui te met dans cet état ?

_ J’ai reçu une lettre de mon père, mais je n’ose pas l’ouvrir.

_ De ton père ? Mais… tu connais ton père ?

_ Oui et non, je sais qui s’est mais je ne l’ai encore jamais vu, même pas en photo, ma mère n’a pas réussi à en retrouver.

_ Mais ton père est américain ?

_ Oui, ma mère était déjà enceinte de moi lorsqu’elle est partie en mission.

_ C’est vrai ! Mais c’est formidable !

_ Je ne sais pas, au début j’étais enthousiaste lorsqu’elle me l’a annoncé il y a quelques jours, mais maintenant j’ai peur. S’il ne m’aimait pas ! S’il me trouvait bête ou si sa femme ne voulait pas de moi dans leur vie.

_ Allan tu es intelligent et je suis certaine que ton père t’aime déjà, même s’il ne te connaît pas encore. Il est marié ? Il a d’autres enfants ?

_ Oui il est marié depuis quelques années et non il n’a pas eu d’autre enfant.

_ Tu devrais ouvrir cette lettre, tu en apprendras sûrement plus sur lui. Ta mère t’a déjà dit des choses à son sujet ?

_ Oui quelques-unes. Tout comme elle, il est militaire et travaille au JAG.

_ C’est vrai ? Mais je le connais peut-être alors ! Comment il s’appelle ?

_ C’est le Commandant Rabb.

_ Quoi !!!

_ Tu le connais ?

_ Bien sûr ! C’est le parrain d’AJ. J’ai des photos de lui à la maison. Si tu veux aujourd’hui on peut réviser chez moi pour une fois et dans une heure tu auras une photo.

_ J’aimerai beaucoup, j’espère qu’AJ sera d’accord, mais par contre tu ne lui dis pas la vraie raison.

_ Pas de souci, en plus maman est à la maison cet après-midi, donc ça tombe bien.

_ Ok on fait comme ça.

_ Alors tu l’ouvres cette lettre ?

_ Oui !

 

Allan saisi son livre de mathématique et en sortit la lettre, il donna le livre à Sarah et ouvrit la lettre, il déplia la feuille et commença à lire. Sarah était curieuse mais s’éloigna un peu pour le laissé seul pour ce premier contact avec son père, mais elle resta tout de même à porté de voix.

Allan ne remarqua même pas son départ découvrant l’écriture de son père avant même de se plonger dans la lecture.

 

 

« Allan,

             Mon esprit est resté longtemps en suspension devant cette page blanche ne sachant pas trop comment commencer. Alors voilà je me lance, je me doute que ce ne doit pas être facile pour toi d’apprendre mon existence et je dois te l’avouer j’ai été vraiment chamboulé en apprenant la nouvelle de la tienne. J’ai toujours voulu avoir un fils et voilà qu’aujourd’hui je me retrouve père sans m’y attendre et cela me rempli de joie. Etant actuellement en mer, je ne peux malheureusement pas te rencontrer dans l’immédiat mais j’espère qu’a mon retour tu voudras bien qu’on se fasse une journée ensemble pour faire vraiment connaissance. En attendant je vais essayer de te dire un peu qui je suis mais peut-être que ta mère t’a déjà un peu parlé de moi. Alors je m’appelle Harmon Rabb junior, je tiens mon prénom de mon père qui lui-même le tenait de mon grand-père. Je suis né à La Jolla en Californie, près de San Diego, j’espère qu’un jour nous pourrons y aller tous les deux. Je sais ce que c’est de ne pas avoir de père car j’ai perdu le mien très jeune, il a disparu au Vietnam. Tout comme moi, ton grand-père et ton arrière grand-père étaient pilotes dans la marine. Grace à ta mère j’ai pu découvrir ce qu’était devenu mon père et après ça j’ai fait la connaissance de mon frère Sergueï que tu dois connaître d’après ce que j’ai cru comprendre. Tu dois te demander pourquoi aujourd’hui je suis avocat et non plus pilote. J’ai eu un problème de vue et ai dû arrêter ce métier que j’aime, je me suis alors tourné vers une nouvelle carrière, celle d’avocat au JAG, c’est comme ça que j’ai rencontré ta mère, la plus belle rencontre de toute ma vie. Je ne sais pas ce que tu veux savoir d’autre sur moi, je dois dire que ce n’est pas facile de t’écrire sans te connaître, en tout cas j’ai une photo de toi et sache qu’elle ne me quitte jamais. Ta mère a dû te dire que j’étais marié, ma femme s’appelle Renée, elle est journaliste, je ne lui ai pas encore parlé de toi, je n’ai pas trouvé comment aborder le sujet car je ne lui ai jamais parlé de ta mère. C’était mon jardin secret à moi, j’avais perdu une part de moi à sa mort et aujourd’hui j’ai l’impression de revivre un peu plus chaque jour, j’ai retrouvé l’envie de me lever le matin et ça c’est à toi que je le dois, j’ai envie de redevenir l’homme que j’étais il y a dix ans. Car je veux que tu saches que je ne suis pas vraiment apprécié parmi mes collègues, j’ai déconné comme on dit, mais je compte bien laisser tout ça derrière moi. Je ne sais pas si tu as une adresse email, ni même si tu sais ce que c’est, mais ça serait pratique que tu en es une, car je pourrais t’envoyer des mails régulièrement. Je sais que tu connais AJ et Sarah, ils pourront t’aider à te servir d’une messagerie, enfin si tu le souhaites et si ta mère est d’accord. J’espère que l’école se passe bien et que tu t’es fait des amis, je ne peux même pas imaginer les premières années de ta vie, je sais juste que ta mère te porte en très haute estime et qu’elle t’aime plus que tout au monde. Pour quelqu’un qui ne savait pas trop quoi raconter je trouve que je ne me débrouille pas trop mal. Je peux te raconter un peu ma vie sur le porte-avions. Dans un premier temps je passais mes journées enfermé dans un bureau à faire une tonne de paperasse, mais maintenant je m’occupe des affaires relevant de la loi. Sur un porte-avions le temps est à la fois long et rapide. Il ne se passe pas une journée sans que quelque chose de passionnant se passe. De plus je profite de cette affectation pour effectuer mes quotas de vol et je suis ravi de retrouver les airs. Il faudra que je t’emmène voler un jour. J’ai un petit avion biplace, je suis certain que tu aimeras. Sinon quand la nuit atteint l’horizon et que le ciel n’est qu’une vaste étendue bleue nuit parsemée d’étoiles, je vais sur le pont arrière et mes pensés vont vers toi. Il se fait déjà tard et demain je me lève vraiment tôt, je voudrais pouvoir rester à te raconter ma vie pendant des heures mais le sommeil me gagne vraiment pour la première fois depuis que j’ai embarqué.

Sache que je pense très fort à toi et que même si je ne te connais pas encore je t’aime déjà très fort. Je ne sais pas comment signé cette lettre alors je vais faire simple même si je ne sais pas si un jour je t’entendrai prononcer ce mot.

Papa »

 

 

Il leva les yeux seulement après la troisième lecture. Cette lettre était son plus précieux trésor aujourd’hui. Il ne connaissait pas son père et pourtant il avait l’impression d’être près de lui à observer cette étendue de ciel bleu nuit. Il tourna la tête vers son amie et seulement là il vit qu’il était seul et qu’elle était un peu plus loin en train de discuter avec une copine. Leurs yeux se croisèrent et elle comprit qu’elle pouvait s’approcher.

 

_ Alors il te raconte quoi de beau ?

_ Il me parle de sa famille, de sa vie sur le porte-avion. Il me parle un peu de ma mère aussi, apriori elle comptait beaucoup pour lui.

_ D’après ce que je sais, ils étaient souvent ensemble, ma mère en parlait à table l’autre jour et elle disait qu’elle avait toujours cru qu’ils finiraient mariés tous les deux.

_ C’est vrai ! Ma mère est restée assez vague sur le sujet, comme si elle ne voulait pas en parler.

_ C’est curieux, mais en même temps elle a disparu dix ans, ce n’est pas rien. Tu vas lui écrire ?

_ Je vais essayer oui. Il me parle aussi d’email, tu sais comment faire ?

_ Oui c’est simple tu verras, je te montrerais samedi si tu viens à la maison.

_ Oui je veux bien. Je crois qu’on devrait retourner en cours.

_ Oui tu as raison sinon on va se faire disputer.

 

Allan attrapa la main de Sarah et ils se dirigèrent tous les deux en courant vers la salle de classe. La journée passa vite, il faut dire qu’Allan avait plus la tête dans les nuages que dans le cours d’histoire. Il était tellement plongé dans ses rêves qu’il fût surprit lorsque la cloche retentie. Il ramassa ses affaires et prit la direction de la sortie. Cet après-midi, Sarah venait à la maison, elle allait pouvoir l’aider à écrire à son père. Comme chaque mercredi ils enfourchèrent leurs vélos et prirent la direction de la maison. Ils firent le trajet en silence, posèrent leurs vélos dans le garage, entrèrent dans la maison et montèrent directement à l’étage.

 

_ Allan c’est toi ?

_ Oui AJ, je suis avec Sarah, on va travailler dans ma chambre.

_ Très bien, si vous avez faim, il reste de la tarte au pomme que ta mère a préparé hier soir.

_ Ok merci, on descendra tout à l’heure en manger un morceau.

_ Travaillez bien !

 

Une porte se referma à l’étage et AJ retourna à sa maquette. C’est un passe temps qu’il aimait bien depuis qu’il était en retraite. Mais celle-ci était spéciale, c’était la maquette d’un tricératops, il voulait en faire cadeau à Sarah.

 

_ Ça va, il n’est pas envahissant.

_ Qui ça ? AJ ? Ah non il est sympa, je pense qu’il ne sait pas trop quelle attitude adopter avec nous. L’autre jour je l’ai entendu hausser le ton avec ma mère, a priori ils étaient en désaccord, mais je n’ai pas su sur quoi.

_ Ils se disputent !

_ Non, je crois plutôt qu’il surprotège ma mère. Mais il l’aime ça se voit.

_ C’est vrai qu’à Noël il avait l’air super heureux, ça faisait longtemps qu’on ne l’avait pas vu, et moi je ne l’avais jamais vu sourire comme ça.

_ Bon ce n’est pas tout mais j’ai une lettre à écrire moi.

_ Oui c’est vrai ! Tu as une idée de ce que tu vas mettre dedans ?

_ Non aucune, je n’ai pas très envie de lui parler de l’Afghanistan, peut-être plus tard quand je le connaitrais mieux.

_ Et à moi tu me raconteras un jour ?

_ Peut-être.

_ Tu pourrais lui raconter tes premiers jours à l’école ou lui parler de Lucky.

_ Oui, c’est une bonne idée. Mais bon je ferais ça tout à l’heure, on va faire nos devoirs en premier.

_ Tu préfères être seul pour écrire !

_ Euh non, je… oui en fait. Mais ne t’inquiète pas je ferais ça ce soir.

_ D’accord ! Bon ben commençons par les maths alors !

 

Allan et Sarah passèrent la première partie de l’après-midi à faire leur devoir, puis vers seize heure ils descendirent dans la cuisine manger une part de tarte.

 

_ Elle est super bonne, meilleure que celle de maman, et pourtant elle est douée.

_ Maman ne cuisine pas beaucoup, elle n’a pas vraiment le temps. En général c’est AJ qui fait la cuisine, mais de temps en temps elle aime bien nous faire un plat.

_ Elle te manque ! Ça doit faire drôle de ne plus passer tes journées avec elle.

_ Oui, un peu. Mais je les passe avec toi !

_ Ah oui ! Et je suis une fille géniale !!!

_ Et jolie aussi.

_ Euh merci. Dis si on demandait à AJ de nous emmener à La National Gallery of Art, on peut faire du patin à glace dans le jardin des sculptures.

_ Du patin ! Je n’en ai jamais fait. Et puis y’a mes sœurs.

_ Aurais-tu peur Allan Mackenzie !

_ Non, je vais demander.

_ Ok je te suis.

 

Allan débarrassa la table vite fait et parti dans la pièce voisine, Sarah sur les talons. Il se posta devant AJ, n’osant pas trop le déranger pendant qu’il fixait l’une des cornes du Tricératops.

 

_ Vous vouliez quelque chose les enfants ?

_ Euh oui, mais on ne veut pas te déranger.

_ Dis toujours.

_ Voilà, on aimerait aller faire du patin à National Gallery of Art.

_ C’est une bonne idée ça en plus ça ne ferme qu’à vingt-trois heure.  Mais bon vous serez déjà au lit depuis longtemps à cette heure là !

_ Oui c’est sûr. Alors tu veux bien ?

_ Oui, on part dans vingt minutes, le temps d’habiller chaudement tes sœurs, d’ailleurs vous devriez vous couvrir un peu tous les deux.

_ Merci ! Viens Sarah je vais te prêter un pull plus chaud.

_ Ok !

 

Les deux enfants partirent en courant sous l’œil attentif et souriant d’AJ. Pour lui ça ne faisait aucun doute ces deux là avait été destiné à se rencontrer. Il rangea sa maquette, alla préparer les filles et se décida à passer un coup de téléphone à Sarah avant de partir.

 

_ Général Mackenzie.

_ Sarah c’est moi.

_ AJ ! Il s’est passé quelque chose ?

_ Non, n’ai-je donc pas le droit de prendre des nouvelles de la femme que j’aime ?

_ Si bien sûr. Ça se passe bien à la maison ?

_ Oui très bien, nos avons décidé d’aller faire du patin au jardin des sculptures, j’emmène Sarah avec nous, tu préviendras ses parents. Tu pourrais nous rejoindre là-bas et on pourrait diner au restaurant qui se trouve dans le parc.

_ Oui c’est une excellente idée, je devrais avoir fini vers dix-huit heure, je vous rejoins là bas ensuite, j’arriverais bien à vous trouver près de la patinoire.

_ Ça serait peut-être plus pratique si Sarah dormait à la maison ce soir, tu en penses quoi ?

_ Oui je vais en parler à Harriet, si elle ne veut pas on la ramènera après diner.

_ Ok, ça me va, à tout à l’heure mon amour.

_ A tout à l’heure, je t’aime.

 

Mac raccrocha, se leva et sortit de son bureau pour discuter avec Harriet.

 

_ Général vous avez besoin de quelque chose ?

_ Non Harriet tout va bien, je voulais juste vous parler, je viens d’avoir AJ et il emmène les enfants faire du patin à glace au jardin des sculptures, Sarah est avec lui, je voulais vous tenir informé, de plus je les rejoins là-bas après le travail et nous envisageons d’y manger, je voulais savoir si ça ne vous dérangeait pas et si on pouvait garder Sarah pour la nuit, ça serait plus simple.

_ Oh, ne ça ne me dérange pas, Sarah vous aime beaucoup, elle doit être contente de passer la nuit chez vous. Elle et Allan ne se quittent plus.

_ Vous avez remarqué aussi.

_ Oh que oui. Ils sont encore jeunes et ne pense pas à la même chose que nous, mais je ne serais pas étonnée qu’en grandissant…

_ Ils sortent ensemble, je n’en serais pas étonnée non plus.

_ Ma fille a très bon goût je trouve.

_ Que voulez-vous on sait se faire apprécier dans la famille.

 

Les deux femmes se mirent à rire, puis reprirent tranquillement leur travail. La fin de journée passa vite, toujours prévoyante Mac avait une tenue civile pour se changer avant de rejoindre AJ et les enfants, elle prit son sac et alla dans les toilettes se changer. Lorsqu’elle en sortit, les regards se tournèrent vers elle, en effet elle avait lâché ses cheveux qui lui arrivaient à hauteur des fesses, et bien qu’elle portait qu’un simple jean et un pull à col montant, ses collègues masculin la trouvèrent très sexy. Elle passa dire bonsoir à Harriet et Jen et prit la direction de la sortit sans prêter plus attention aux regards des hommes travaillant sous ses ordres.

 

Mac gara sa voiture dans Madison Drive, elle était contente elle avait trouvé une place assez prêt, il ne lui restait même pas deux cent mètres à faire pour atteindre l’entrée du jardin. Lorsqu’elle descendit de voiture, elle fût saisi par le froid, elle attrapa son manteau, ses gants et son écharpe et s’habilla avec soin pour ne laissé apparaître que son visage. Elle regretta de n’avoir pas emmené un bonnet avec elle, elle ferma la voiture à clef puis avança le long du trottoir. La lune était pleine, mais les lumières de la rue ne permettaient pas de distinguer les étoiles. De là où elle se trouvait, elle entendait déjà les cris et les rires de joies des patineurs, elle accéléra le pas, elle avait hâte de découvrir ses enfants dans cet univers.  Il y avait du monde, beaucoup de monde, elle s’arrêta et se mis à observer les alentours, elle ne les voyait pas, elle s’apprêtait à sortir son portable lorsqu’elle entendit un rire qu’elle connaissait bien, c’était celui de sa fille Aminata. Ça y est elle les voyait, ils étaient là tous les cinq, même AJ avait enfilé une paire de patins. Ils ne l’avaient pas encore vu, alors elle décida d’aller louer une paire de patins pour les rejoindre sur la glace.

 

La file d’attente avançait lentement, du moins beaucoup trop à son goût, enfin elle réussi à s’équiper et se dirigea vers la glace. Mon dieu, elle eu une drôle de sensation au contact de ses pieds avec ce sol glissant et fît les premiers pas de manière peu assurée, puis cela revint naturellement. Elle fit quelques glissades, s’arrêta et essaya de retrouver sa famille. Mais ils l’avaient vu en premier et un boulet de canon vint s’abattre dans ses jambes, elle réussi tant bien que mal à garder l’équilibre, mais perdit son sérieux et éclata de rire en même temps d’Ely.

 

_ Coucou mon ange.

_ Coucou maman ! C’est trop génial la patinoire !

_ Je vois ça, vous avez l’air de vous amuser.

_ Regarde maman, je sais le faire en marche arrière !

_ C’est bien Aminata, mais fais attention aux gens derrière toi.

_ Bonsoir chérie, pas trop dure ta journée ?

_ Non, comme d’habitude.

_ Tu as quitté le travail comme ça ?

_ Oui, et je dois dire qu’ils ont tous fait une drôle de tête.

_ Ça je veux bien le croire, tu es magnifique.

_ Merci. Où son Allan et Sarah ?

_ Là-bas, il se débrouille bien, il faut dire que Sarah ne l’a pas lâché une seule fois.

_ J’ai vu avec Harriet, il n’y a aucun souci pour qu’elle dorme à la maison.

_ Sarah dort chez nous ce soir ?

_ Oui.

_ Ouais !!! Bon je retourne patiner, je vous laisse en amoureux. Hihi.

_ File avant que je ne t’attrape !

 

Sarah fit quelque glissades en faisant mine de poursuivre sa fille, puis fit demi tour et vint embrasser AJ.

 

_ Alors comment s’est passé la journée de mon amoureux ?

_ (rire) Très bien, Ely et Allan ont terminé tous leurs devoirs, Ce matin je suis allée faire les courses avec Aminata et sinon rien de bien particulier.

_ Je trouve ça bien que les enfants passent du temps avec toi, je ne sais pas ce qu’ils ressentent mais moi ça me fait bizarre de ne plus les avoir avec moi toute la journée.

_ J’aime passer du temps avec eux, j’apprends à mieux te connaître à travers eux, et je t’aime encore plus chaque jour. Je sais que ce n’est pas facile pour toi, mais tu es une mère et tu t’inquiète, c’est normal.

_ Tu crois ? Je ne suis pas trop couveuse ?

_ Non, tes enfants sont très équilibrés, et très murs aussi, je sais qu’ils sont encore jeunes, mais ses deux là on plus qu’une simple amitié qui les lie.

_ On en parlait justement avec Harriet. C’est pour lui que j’étais le plus inquiète et le voir heureux, le voir rire et le voir s’entendre aussi bien avec quelqu’un d’extérieur à la famille me rassure, j’avais peur qu’il reste dans sa coquille.

_ Il faut dire que Sarah est une petite fille extraordinaire, elle ressemble beaucoup à ses parents, elle a hérité de leur gentillesse et de leur attention à l’égard des autres.

_ C’est vrai, Allan ne pouvait pas trouver meilleur guide pour s’adapter au monde. Bon il est déjà dix-neuf heures et le restaurant ferme à vingt heure, on ferait bien de rendre nos patins et de se diriger vers le Pavilion si nous voulons pouvoir manger.

_ Oui tu as raison, je vais attraper les filles, tu t’occupes des grands.

_ Ok on se retrouve au stand de patins.

 

AJ partit à grandes enjambées dans la direction opposée à celle de Mac. Mac repéra très vite son fils et fila dans sa direction.

 

_ Coucou les enfants. On va devoir y aller si on veut manger au restaurant.

_ Ok, mais on ne ramène pas Sarah avant ?

_ Non, j’ai vu avec ta maman Sarah et si tu veux bien, tu peux dormir à la maison ce soir.

_ C’est vrai ! Bien sûr que je veux.

_ Ah oui !

_ Ben tu n’as pas l’air ravi ?

_ Si si, c’est juste que j’avais quelque chose à faire, mais ça attendra demain.

_ T’inquiète je te laisserais écrire tranquille.

_ Ecrire ?

_ Oui à son père. Oups je n’aurai pas dû le dire. Allan je suis désolée.

_ Alors tu as lu sa lettre !

_ Oui. Ce n’est pas grave Sarah, maman aurait fini par me poser la question de toute façon.

_ Non mais ça veut dire quoi ça ?

_ Rien, juste que tu t’inquiètes pour moi. Mais je vais bien, la lettre de Harm est très gentille, il me parle de lui, de mes grand-parents, de toi aussi.

_ Ah oui ?

_ Oui, il a même dit que tu avais été la plus belle rencontre de toute sa vie.

_ Dit tante Mac, ça a été ton amoureux tonton Harm ?

_ Euh, non pas vraiment, c’est compliqué, bon si on y allait, les autres doivent nous attendre.

_ Ok.

_ Ok.

_ (à voix basse pour que seul Allan entende.) Je crois qu’on a abordé un sujet sensible.

_ Oui je crois aussi.

_ Tu ne m’en veux pas trop de lui avoir dit ?

_ Non, comme ça je vais pouvoir lui demander des conseils sur ce que je dois mettre dans ma lettre.

_ Oui bonne idée, elle le connaît bien.

_ Sûrement, j’aimerai qu’elle me parle plus de lui.

_ Demande lui. Ou si tu veux je peux aborder certaines questions comme si de rien n’était.  On a qu’à rentrer à la maison avec elle tout à l’heure.

_ Oui bonne idée.

 

Ils rendirent tous leurs patins et se dirigèrent vers le café Pavilion. Chacun prit place autour de la table qu’on leur indiqua, puis un serveur vint prendre leur commande. Les filles prirent une pizza aux pepperonis entre deux, Allan prit un Hot dog, AJ un Monté Cristo Panini et les deux Sarah une Caesar salade au poulet. Ils rirent beaucoup pendant le repas, discutèrent un peu de l’école, des vacances de printemps qui commençait le vingt-deux et de ce qu’ils allaient faire durant cette semaine.

 

Il était l’heure de rentrer à la maison. Les enfants avaient école le lendemain et Sarah dormant à la maison, il ne serait pas aisé de coucher tout le monde. Ils se séparèrent en deux groupes pour rentrer. Mac emmena les deux grands et AJ garda les filles. Mac marchait tranquillement derrière Allan et Sarah. Ces deux là parlaient à voix base, ils mijotaient quelque chose, elle en était certaine. Ils arrivèrent à la voiture, Mac leur ouvrit les portières arrière puis s’assit derrière le volant et démarra. Seule la voix de Seal résonnait dans l’habitacle.

 

Sometimes
I had to cry all night long, yes I did Sometimes
I had to give up right, for
what I knew was wrong

Yes it's been an uphill journey
It's sure's been a long way
comin', yes it has
It's been real hard every step of the way
But I believe, I believe

This evenin' my change is come
Yeah, I tell you that my change is come

 

Les deux enfants étaient sages, trop sages même et comme elle s’y attendait l’un deux s’adressa à elle.

 

_ Tata !

_ Oui Sarah ?

_ Je peux te poser une question ?

_ Bien sûr.

_ Pourquoi vous ne vous êtes jamais mariés avec tonton Harm ?

_ Euh… nous étions amis, nous…

_ Tu ne l’aimais pas ?

_ Pas de cette façon.

_ Alors pourquoi je suis là ?

_ C’est compliqué.

_ Explique-nous, on est grand, on peut comprendre.

_ Disons que quand ton frère est né, on a fait un deal tous les deux.

_ C’est quoi un deal ?

_ Disons qu’on a passé un accord.

_ Quel genre d’accord ?

_ Nous nous sommes promis l’un l’autre de faire un enfant ensemble aux cinq ans d’AJ si nous étions seuls.

_ Mais AJ et moi n’avons pas cinq ans de différence !

_ Euh oui c’est vrai, disons que je voulais un enfant et qu’on a décidé de l’avoir ensemble.

_ C’est bizarre.

_ Oui très, donc si tu n’étais pas partie en mission, je n’aurai pas non plus grandi avec vous deux ? On n’aurait pas été une famille ?

_ Je ne sais pas Allan, mas je ne crois pas non.

_ C’est vraiment une drôle d’idée.

_ Peut-être que vous comprendrez lorsque vous serez plus grands.

_ Hum !

_ On arrive ! Tu veux dormir où Sarah ?

_ Avec Allan !

_ Oh oui maman ! Dis, elle peut ?

_ Bien sûr.

 

Les enfants descendirent de la voiture et rentrèrent en courant dans la maison. Mac resta un moment assisse la tête reposant sur le volant. Aujourd’hui elle avait réussi à rester dans le flou, mais Allan se posait des questions, elle savait que cette réponse ne le satisferait pas éternellement. Lorsqu’elle entra dans la maison, les enfants étaient déjà changés et avaient brossé leurs dents. AJ avait installé un matelas dans la chambre d’Allan. Les quatre enfants vinrent leur souhaiter bonne nuit et montèrent se coucher. Mac était plus qu’étonnée de n’avoir même pas eu à lancer un rappel. Elle alla dans la chambre des filles et leur lu une histoire avant d’éteindre la lumière. En sortant de la chambre elle s’arrêta un instant devant celle de son fils. La lampe de chevet était encore allumée et elle les entendait discuter à voix base. Elle entrouvrit la porte et les découvrit tous les deux assis sur le lit d’Allan.

 

_ Vous ne dormez pas ?

_ Non, je dois finir d’écrire ma lettre.

_ Ta lettre ?

_ Oui pour papa.

_ Oh…

_ Sarah m’aide, je ne sais pas trop quoi lui écrire.

_ Tu peux lui raconter ce que tu as fait aujourd’hui, ce que tu as ressenti en faisant du patin à glace.

_ Tu crois que ça va l’intéresser ?

_ Bien sûr, tout ce que tu pourras lui raconter va l’intéresser. Je suis sûre que quand le papa de Sarah s’en va, elle lui raconte ce qu’elle fait tous les jours.

_ Oui c’est vrai, il aime bien savoir ce que j’ai fait à l’école, si j’ai eu des bonnes notes, si j’aide maman à la maison.

_ Oui mais toi tu connais ton papa, moi je n’ai jamais vu le mien.

_ Attend je reviens.

 

Mac sortit quelques instant de la chambre, elle avait trouvé dans un album d’AJ une photo d’elle et Harm au mariage de Bud, elle l’avait rangé dans un tiroir pensant la donner à Allan si elle sentait qu’il en avait besoin. Elle revint donc rapidement et lui tendit la photo.

 

_ Tien, c’est pour toi.

_ C’est toi et papa ?

_ Oui, cette photo a été prise au mariage de Bud et Harriet. J’ai pensé que tu aimerais l’avoir.

_ Oh oui merci, vous êtes beaux tous les deux dessus.

_ C’est vrai, tu as une jolie robe tata. Je ne la connaissais pas cette photo, pourtant papa et maman en ont plein.

_ C’est AJ qui a prise celle-ci.

_ Merci, on pourra acheter un cadre pour que je puisse la mettre sur mon bureau ?

_ Bien sûr, on ira le choisir ensemble si tu veux.

_ Je pourrai venir aussi ?

_ Si tu veux. Bon je vous laisse, n’éteignez pas trop tard, il y a école demain. Je repasse dans une demi-heure.

_ D’accord ! (répondirent-ils ensemble)

 

Mac les laissa seuls et s’appuya contre la porte en sortant, le sourire de son fils en voyant la photo lui restait gravé devant les yeux. Il était heureux et s’était le plus important.

Elle repassa comme promit une demi-heure plus tard, Allan et Sarah s’étaient endormis, elle replaça délicatement leur couette et vit une petite enveloppe blanche posée sur le bureau avec écrit « papa » dessus.

 

 



13/03/2011
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