10 ème partie
Sarah Mackenzie
10ème partie
Mardi 5 janvier 2010
8H00
Ecole
_ C’est le grand là-bas, il est dans la classe d’AJ.
_ Elle regarda le garçon qu’Allan lui désignait et vit qu’Harriet se trouvait déjà en grande discussion avec la mère de ce dernier.
_ Très bien, Ely tu peux aller jouer avec ceux de ta classe, Allan et moi allons discuter un peu avec ce petit garçon.
_ Bonjour, excusez-moi de vous déranger, je suis Sarah Mackenzie, la maman d’Allan.
_ Madame Mackenzie, bonjour. Je suis vraiment navrée du comportement de mon fils. Comme je l’expliquais à la maman d’AJ, nous sommes en plein divorce avec le père de Mark et il ne le vit pas très bien, du coup il a un comportement agressif. Nous ne savons plus quoi faire.
_ Je vois, est-ce que je peux lui parler un instant ?
_ Oui bien sûr.
_ Merci.
Sarah s’éloigna des deux femmes et alla vers le garçon avec Allan.
_ Allan présente tes excuses à Mark.
_ Mais…
_ Allan !
_ Mark je m’excuse de t’avoir frappé.
_ Tu n’as eu que ce que tu méritais !
_ Allan tu veux bien nous laisser s’il te plait ?
_ Oui maman.
_ Mark c’est ça ? Je suis la maman d’Allan. Je sais ce que tu as dit sur moi, mais sais-tu seulement ce que ces mots signifient ?
_ Ben euh…
_ Ta maman m’a dit que c’était difficile pour toi à la maison en ce moment, mais tu sais, tu n’es pas le seul à être triste. C’est vrai Allan et Ely n’ont pas de papa et ils n’en ont pas parce que leurs pères étaient des personnes vraiment méchantes qui nous ont fait beaucoup de mal et nous ont gardé prisonniers en Afghanistan pendant dix ans.
_ C’est vrai ? Je… je ne savais pas, je suis désolé madame, je… Vous êtes une Marine ?
_ Oui je travaille au JAG avec la maman d’AJ.
_ Vous avez quel grade ?
_ Je suis Général.
_ Ouah !
_ Mark, j’ai cru comprendre qu’AJ était ton meilleur ami avant.
_ Oui c’est vrai, mais maintenant on est différent.
_ Mark ce n’est pas parce que tes parents ne s’entendent plus que tu dois tourner le dos à tes copains.
_ Oui mais ils ne comprennent pas, ils…
_ Tu pourrais leurs expliquer ce que tu ressens. Tiens j’ai une idée est-ce que tu aimerais venir jouer à la maison avec AJ et Allan samedi ?
_ Je… je ne sais pas si maman voudra bien.
_ Je vais lui poser la question. Bon je vais arrêter de t’ennuyer, retourne jouer avec les autres.
_ Oui madame.
Les deux femmes se rapprochèrent de Mac.
_ Que lui avez-vous dit ?
_ On a discuté de choses et d’autres. D’ailleurs je serais ravie que Mark vienne jouer à la maison samedi.
_ Euh c'est-à-dire que c’est son père qui a Mark ce week-end.
_ Parlez-en avec lui, Mark a besoin de se sentir comme les autres enfants.
_ Je vais lui en parler.
_ Ok, en tout cas merci de m’avoir laissé lui parler.
_ Merci à vous plutôt.
_ De rien, Harriet si on allait travailler maintenant ?
_ Oulla oui, il est déjà huit heure trente passée, je suis en retard.
_ Harriet ce n’est pas grave, votre supérieur est au courant.
_ Ah oui c’est vrai !
_ Vous travaillez ensemble au JAG ?
_ Oui, Mac commande le JAG.
_ C’est vrai ? Vous avez mon ex mari sous vos ordres alors !
_ Ah oui ?
_ Oui le major Perry.
_ Ah je comprends mieux que Mark ai su que j’étais une Marine. Bon on doit vous laisser, bonne journée.
_ Au revoir, bonne journée.
8H35
QG du JAG
_ Ouah ! Que s’est-il passé ici ?
_ Bonjour quand même vieux !
_ Salut Sturgis.
_ Bonne année à toi aussi Harm !
_ Oh oui désolé, bonne année. C’est juste que ça me perturbe, je n’ai pas l’impression d’être au JAG.
_ Ça a changé, mais je dois dire que j’aime bien.
_ C’est pas mal, faut le temps de s’habituer. Alors c’est toi ou c’est moi ?
_ Ni l’un ni l’autre.
_ Comment ça ? Mais… qui commande le JAG ?
_ Une vieille connaissance à toi.
_ Ah bon ? Mais qui ça ?
_ Bonjour Messieurs !
_ Ils se retournèrent tous les deux en entendant cette voix, mais n’avaient pas du tout la même expression sur le visage.
_ Bonjour Général.
_ Commandant Turner.
Harm était devant Mac, la fixant des yeux, la bouche entre-ouverte.
_ Commandant Rabb (lui tendant sa main)
_ Euh… Général !
Mac n’ajouta rien de plus et continua son chemin.
_ C’est… C’est…
_ Notre nouveau Co.
_ Quoi ? Mais…mais…
_ Eh bien, tu as du mal à faire des phrases aujourd’hui.
_ Il faut que je lui parle.
_ Alors tu as un entretien avec elle vendredi matin à dix heures.
_ Quoi ?
_ Elle reçoit tout le personnel un par un.
_ Ah bon ?
_ Oui et tu passes le dernier mon vieux. Allez viens je vais te montrer ton nouveau bureau et ton assistante.
_ Mon quoi ?
_ Eh oui, maintenant on a tous un assistant attribué.
_ Pour faire quoi ?
_ Pour être plus efficace dans notre travail.
_ Ah bon ? Et qui est…
_ Chef d’Etat Major ? Bud.
_ Bud ?
_ Oui, d’après ce que j’ai compris elle voulait quelqu’un de compétent en informatique.
_ Hum…
_ Commandant Rabb, bonne année !
_ Sergent Brooke, bonne année à vous aussi.
_ Merci Monsieur, j’ai rangé tous vos dossiers dans votre nouveau bureau, j’y ai aussi déposé vos affaires personnelles.
_ Vous… vous êtes mon assistante ?
_ Oui Monsieur.
_ Ok, merci Sergent, je vais dans mon bureau, je ne veux pas être dérangé.
_ Très bien Monsieur, à vos ordres.
_ On déjeune ensemble ?
_ Ok, à tout à l’heure.
Harm entra dans son bureau et s’assit dans son nouveau fauteuil. Mac… Mac était en vie. Il ne devait pas être réveillé, se devait être un rêve. Il ouvrit un dossier, mais ne fit rien de plus de la matinée, son esprit ne pensait qu’à une seule chose. Mac.
_ Il est dans son bureau ?
_ Oui Monsieur.
_ Très bien merci.
_ Mais il ne veut pas être dérangé.
_ Je prends sur moi Sergent.
_ Bien Monsieur.
_ Alors vieux on rêvasse ?
_ Sturgis ? Quelle heure est-il ?
_ L’heure d’aller manger un morceau.
_ Déjà ! Ce n’est pas vrai, je n’ai rien fait de la matinée.
_ Je vois ça, tu n’as toujours pas installé tes affaires. Il a quelque chose qui ne va pas ?
_ Non rien, allons manger.
_ Sergent je vais déjeuner, vous pouvez en faire de même.
_ Bien Monsieur.
12H30
Restaurant
_ Qu’est-ce qui ne va pas ?
_ Rien, tout va bien.
_ Pas à moi, je te connais.
_ J’ai du mal avec ces changements.
_ Ah oui ? Je trouve ça pratique d’avoir une assistante.
_ Oui c’est vrai, mais y’a tout le reste aussi, j’ai perdu mes repères.
_ Dis plutôt que tu trouves notre nouveau CO à ton goût.
_ Ne parle pas d’elle comme ça !
_ Oh je crois que j’ai mis le doigt sur le hic. Tu vas m’en dire plus où je vais devoir te torturer ?
_ Je ne veux pas en parler.
_ Ok, je n’insiste pas.
_ Pourquoi bon dieu !
_ Ok donc j’insiste.
_ Mais non je ne parle pas de toi.
_ Tu es dur à suivre aujourd’hui.
_ C’est Mac, je ne m’attendais pas à la voir.
_ Normal, elle était censée être morte.
_ Tu ne comprends pas…je…
_ Non je ne comprends pas et si tu ne m’en dis pas plus je ne risque pas de comprendre.
_ Cette femme c’est…. Comment dire… certainement la seule femme que j’ai jamais aimé et certainement celle a qui j’ai fait le plus de mal.
_ Quoi ? Tu la connaissais si bien que ça ?
_ Oui, c’était ma partenaire, ma meilleure amie.
_ Tu ne m’en as jamais parlé !
_ Non, c’est une partie de ma vie que j’ai enfouie au plus profond de moi à jamais, et la voir, là, devant moi ce matin.
_ C’est à ce point ?
_ Rien que de la voir me fait voir à quel point je suis un salaud.
_ Qu’est-ce qui s’est passé ?
_ C’est avec elle que je dois en parler.
_ J’ai compris, je ne saurais rien de plus.
_ Sturgis… merci.
_ Je n’ai pas fait grand-chose.
_ Ne dis rien à personne.
_ Ok, pas de souci. Chut, la voilà.
_ Pourquoi faut-il qu’elle déjeune ici.
_ On peut partager votre table Messieurs ?
_ Bien sûr Général, Jennifer.
Il régnait une tension palpable à table et c’est Mac qui la première brisa la glace.
_ Alors Commandant, j’ai entendu dire que vous revenez des Caraïbes ?
_ Euh oui.
_ C’était comment ? Je n’ai jamais eu l’occasion d’y aller
_ Euh bien, la plage, le soleil, le repos.
_ Les jolies filles aussi non ?
_ Euh oui Sturgis.
_ Vous avez fait de la plongée ?
_ Oui, presque tous les jours, les fonds marins sont vraiment splendide là-bas. Et vous Jennifer qu’avez-vous fait de vos vacances ?
_ Euh ben j’ai fêté Noël chez Bud et Harriet avec votre frère et le Général.
_ Vous étiez chez les Roberts à Noël ?
_ Oui, d’ailleurs j’ai fait la connaissance de votre frère, j’ai été surprise d’apprendre que vous en aviez un.
_ Oui, ça fait quelques années.
_ En tout cas lui et Loren ont l’air heureux.
_ Euh oui peut-être.
Heureusement le serveur apporta les commandes et la conversation se recentra sur le travail. Chacun paya son repas et regagna ensuite le JAG.
21H30
Maison Mackenzie – Chegwidden
Washington McLean
Chambre à coucher de Mac et AJ
_ Alors ta journée ?
_ Bien.
_ Mais encore ? Harm devait revenir aujourd’hui non ?
_ Oui.
_ Et ?
_ Et rien, tout s’est bien passé.
_ Sarah !
_ Je crois que je l’ai perturbé. Il ne s’y attendait pas. J’ai discuté un peu avec lui durant le déjeuné, mais rien de personnel.
_ Tu as déjeuné avec lui ?
_ En fait oui et non. Je suis allée déjeuner avec Jennifer et lui et Sturgis se trouvait déjà dans le restaurant. Du coup on a tous mangé ensemble.
_ Et comment était-il ?
_ Pas à l’aise.
_ Tu me le dis si…
_ Si quoi ? Ecoute AJ je suis une grande fille, Harm m’a fait souffrir c’est vrai mais c’est du passé, j’ai tiré un trait depuis longtemps.
_ Tu comptes lui dire ?
_ Je ne sais pas encore.
_ Il ne le mérite pas.
_ Ça c’est à moi d’en décider.
_ Très bien, mais tu sais ce que j’en pense.
_ Ecoute, je sais que tu es inquiet, mais je crois qu’il a déjà assez payé pour ce qu’il a fait.
_ Il ne paiera jamais assez.
_ AJ, avant tout je pense à Allan. Je n’ai pas le droit de le priver de son vrai père, il a déjà vécu assez de choses comme ça.
_ Donc tu as pris ta décision en fait !
_ Je crois oui.
_ Quoiqu’il en soit, je ne veux pas le voir chez moi.
_ En parlant de ça justement.
_ Quoi ?
_ Ça serait bien qu’on cherche une maison qui soit à nous.
_ Tu ne te plais pas ici ?
_ Tu viens de le dire, c’est chez toi. J’ai besoin d’une maison où je me sente aussi chez moi.
_ Sarah je…
_ Ce n’est pas toi AJ, c’est moi, depuis que je suis rentrée, je vis à tes crochets, je vais bientôt toucher mon argent, on va bientôt se marier, mais je voudrais qu’on choisisse une maison ensemble, une maison où les enfants auraient chacun leur chambre.
_ Oui je comprends. Je vais commencer à chercher pendant qu’ils sont à l’école et le week-end on fera les visites tous ensemble, ça te va ?
_ Oui, je t’aime.
_ Je t’aime aussi.
2H35
Maison des Rabb
Washington D.C.
_ « Hey Pilote, sortez les aérofreins !
_ …
_ Allez vous en !
_ …
_ Je ne veux plus vous voir, plus jamais.
_ …
_ Adieu !
_ …
_ Vous ne le méritez pas, c’est à cause de vous qu’elle est morte ! »
_ Ah !
La sueur perlait sur son front, cela faisait des années qu’il n’avait pas fait ce cauchemar.
_ Chéri ça va ?
_ Oui, rendors-toi, j’ai fait un cauchemar, je vais aller boire un verre d’eau, ça ira mieux.
_ Très bien, comme tu veux.
Renée se rendormit et Harm partit dans la cuisine. Il ouvrit le réfrigérateur et se servit un verre d’eau gazeuse. Il n’arrivait pas à dormir, chaque fois qu’il fermait les yeux il voyait le visage de Mac, les derniers mots qu’elle lui avait dit résonnaient dans sa tête. Encore aujourd’hui il ne comprenait pas ce qui s’était passé, comment cela avait-il pu se produire ? Comment avait-il pu faire une telle chose ? Lui qui avait toujours été si doux avec les femmes, il avait été si brusque, si violent avec elle, et n’avait rien vu venir, n’avait pas compris qu’il lui faisait du mal. Certes il avait bu ce soir là, ne supportant pas de la perdre, mais l’alcool n’était pas une excuse à son comportement. Comment n’avait-il pas vu qu’il lui faisait mal, qu’elle ne voulait pas. Pourquoi ne l’avait-il pas entendu crier d’arrêter. Il l’aimait plus que tout et avait laissé l’alcool et le désir parler à sa place, si seulement il n’était pas allé chez elle ce soir là.
Il était seul dans le noir, le visage ravagé par les larmes et le dégoût de lui-même… Il passa le reste de la nuit ainsi puis lorsque les premières lueurs du matin firent leurs apparitions, il partit sous la douche. Personne ne devait savoir quel monstre il était.